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Convoi et arrestations de décembre 1943

Dans la nuit du 20 au 21 DECEMERE 1943, la SIPO-SD procédait à de multiples arrestations de Juifs avec le concours de la SEC.
Le Préfet Régional qui n'avait pas été avisé de la rafle du 20-21 DECEMBRE 1943, adressait le 22 décembre une lettre pour demander des explications au délégué régional de la SEC.
Une "liste des internés juifs amenés par les autorités allemandes le 22 DECEMBRE 1943" était établie par le Directeur du Camp d'internement de MERIGNAC le 23 DECEMBRE 1943.
Le 25 décembre, le Préfet Régional adressait au ministère de l'Intérieur à VICHY et au Délégué du Secrétaire Général de la police à PARIS un rapport indiquant :
- que les arrestations ont été faites par le détachement de BORDEAUX de la SIPO.
- qu'il n'a été tenu informé de cette opération ni par la SIPO ni par le délégué régional de la SEC qui participait à ces opérations.
- que parmi les personnes arrêtées figurent des personnes âgées de plus de 80 ans, des enfants de moins de 2 ans, des conjoints d'aryens et des non juifs.

Maurice PAPON adressait de son côté le 23.12.1943 une lettre au Chef de la SIPO à BORDEAUX pour qu'il fournisse des éclaircissements sur l'opération du 20-21 DECEMBRE 1943. Il renouvelait sa demande le 28 JANVIER 1944 en y apportant des précisions quant au nombre et à la nationalité des personnes arrêtées.
Sous la signature de NAHRICH les services de la SIPO lui faisaient finalement connaître le 31 JANVIER 1944 que les arrestations avaient eu lieu sur l'ordre du commandant de la police de sûreté et du service de sécurité dans le ressort du Commandant militaire en France et qu'il n'était pas "en mesure de faire d'autres communications au sujet de cette affaire".
Néanmoins il faut souligner que :
Le 17 DECEMBRE 1943 Maurice PAPON écrivait au Secrétaire Général pour la police à VICHY pour solliciter ses instructions à la suite d'un entretien verbal avec le chef de la SIPO qui avait réclamé la liste des Juifs français, étrangers et apatrides y compris des femmes et des enfants résidant dans la région de BORDEAUX. Le jour même, sans attendre la réponse sollicitée, Maurice PAPON demandait par téléphone puis par lettre aux sous-Préfets de BAYONNE et de MONT DE MARSAN, la liste de tous les Juifs résidant dans leur arrondissement. Tout laissait pourtant prévoir à ce moment l'imminence d'une nouvelle déportation.
Le 27 décembre 1943 par lettre adressée au Préfet Régional sous la signature de Lucien DEHAN, la délégation du commissariat aux questions Juives indiquait qu'elle n'avait apporté à la police allemande , à l'occasion des arrestations du 20 décembre qu'un concours limité à de simples vérifications d'identité. Maurice SABATIER rappelait par une lettre du 11.1.1944 qu'il devait lui être rendu compte en toutes circonstances des opérations auxquelles participaient les services français. Il mentionnait que les vérifications invoquées n'ont "pu empêcher des arrestations inutiles puisque, des renseignements complémentaires qui m'ont été fournis, il résulte qu'un certain nombre de personnes ont dû, par la suite, être relachées du camp d'internement de MERIGNAC".
Le 30 décembre 1943, 136 Juifs (134 selon la liste fournie par le Directeur du Camp de MERIGNAC à la Préfecture) : 33 hommes parmi lesquels 14 vieillards, 37 femmes et 26 enfants de 1 à 13 ans venant du camp de MERIGNAC étaient dirigés par train de Messagerie partant de BORDEAUX SAINT JEAN à 12 heures 44 sur le camp de DRANCY.
La surveillance du transfert tant de MERIGNAC à la Gare Saint-Jean qu'au cours du trajet BORDEAUX-PARIS était assurée par la Police Française et deux Feldgendarmes.
Ce convoi était composé pour l'essentiel de Juifs arrêtés au cours d'une rafle intervenue dans la nuit du 20 au 21 décembre 1943 mais aussi de Juifs déjà internés.
Parmi les personnes arrêtées puis incorporées dans le convoi on relève plusieurs parents de parties civiles :
- Victor HADDAD et ses deux filles mineures Monique née le 19 août 1940 à BORDEAUX et Jeanine née le 30 janvier 1942 à BORDEAUX. Il avait sollicité l'autorisation de retourner en Tunisie , qui avait été simplement transmise à la SIPO sans avis. - ELBAZ Nouna épouse BENAIM , Paulette Rachel BENAIM née le 28 FEVRIER 1930, Georgette Messaouda BENAIM née le 28 JUIN 1927,
- Michel DRAI né le 5 AVRIL 1942, David DRAI né le 5 DECEMBRE 1932, Léon DRAI né le 12 FEVRIER 1935,
- Daniel SCHINAZI, qui avait été arrêté en 1942, détenu plusieurs mois au Fort du Hâ avant d'être transféré à MERIGNAC. Par courrier du délégué Régional de la SEC au Préfet Régional en date du 28 janvier 1943 il avait été conclu à la radiation des enfants SCHINAZI du fichier Juif, copie de ce rapport étant adressée à la SIPO. Une autre copie de ce rapport ainsi que celle d'une lettre par laquelle le chef de la SIPO donnait son accord à la radiation avait été transmise le 18.12.1943 au président de 1'UGIF . En dépit de cela, il figure sur la liste des personnes arrêtées dans la nuit du 20 au 21 décembre 1943 et a été soit inclus dans le convoi du 30 DECEMBRE 1943 . Daniel SCHINAZI réussira à s'évader au cours du trajet entre BORDEAUX et DRANCY ;


Toutes les personnes énumérées plus haut étaient de nationalité française.
David, Jacqueline, Jean et Michel DRAI, Jeanine et Monique HADDAD avaient été autorisés à quitter BORDEAUX après accord des autorités allemandes du 22 JUILLET 1943.
Le 12 JANVIER 1943 le Préfet Régional, sous la signature de Maurice PAPON, adressera un rapport aux autorités Centrales de VICHY et à leur représentant à PARIS, reprenant les éléments relatés plus haut et soulignant que cette opération avait eu lieu à l'initiative de la police allemande avec le concours de la SEC qui ne l'avait pas tenu au courant et que de ce fait il s'est trouvé démuni de tout moyen d'intervention pour le maintien sur place des juifs français, des conjoints d'aryens et des vieillards. Il était joint une liste des Juifs faisant partie du convoi où étaient signalés les français et les Nord-Africains ainsi que Jean ZYROMSKI ex-fonctionnaire de la Préfecture de la Seine.
Là encore, les explications de Maurice PAPON concernant l'absence d'implication des services de la préfecture ne sont pas plausibles. En effet dès le 17 DECEMBRE 1943, la réclamation par la SIPO de la liste de tous les Juifs qui lui avait été adressée ne pouvait être faite qu'en vue d'arrestations massives. La rafle opérée dans la nuit du 20 au 21 DECEMBRE 1943 et dont la préfecture a été avertie le lendemain ne pouvait que laisser présager 1' imminence d'un nouveau convoi à destination de DRANCY. Bien que des Nord-Africains et des Français dont plusieurs mineurs de 15 ans aient figuré sur la liste établie par le Directeur du Camp de MERIGNAC aucune démarche n'a été faite auprès des autorités allemandes pendant les 9 jours ayant séparé la rafle du transfert. Bien plus, 6 mineurs arrêtés avaient été autorisés à quitter BORDEAUX par les autorités allemandes. En outre Daniel SCHINAZI qui avait été radié du fichier juif sur enquête de la SEC le 28 JANVIER 1943, maintenu cependant au camp, a été compris parmi les personnes transférées.

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