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Convoi du 26 août 1942

Ce convoi, contrairement au premier n'a été précédé d'aucune rafle. Il a été composé :
- de Juifs arrêtés pour diverses infractions (notamment franchissement de la ligne de démarcation)
- de Juifs placés dans des camps de travailleurs et de Juifs internés à MERIGNAC
- d'enfants qui avaient été arrêtés avec leurs parents lors de la rafle du 15 au 16 JUILLET 1942.

Dans une note du 31 JUILLET 1942 destinée au Secrétaire Général, Pierre GARAT écrivait qu'il s'était rendu le jour même, après autorisation téléphonique de Maurice PAPON, auprès du lieutenant DOBERSCHUTZ de la SIPO qui lui avait demandé qu'à l'avenir les Juifs arrêtés sur la ligne de démarcation sur le territoire des Kreiskommandanturen de LIBOURNE et de CASTILLON soient conduits au camp de MERIGNAC par la Gendarmerie Française. Les autorités allemandes avaient demandé une réponse d'urgence et avaient indiqué que les effectifs de police allemande ne permettaient pas aux services de la ligne de démarcation de procéder à ces transferts. Cette demande de la SIPO était renouvelée le 6 AOUT 1942 et enfin le 9 AOUT 1942 sous forme d'injonction.
Finalement il sera porté à la connaissance du chef de la SIPO par lettre du 8 AOUT 1942, signée pour le Préfet Régional par le Secrétaire Général, mais dont le texte peut être attribué à Pierre GARAT dans la mesure où ses initiales "P.G." y figurent, que des instructions ont été données à la Gendarmerie Française pour qu'elle effectue les transferts demandés.
Avec ce courrier était adressée la liste des Juifs internés au camp de MERIGNAC du 29 JUILLET 1942 au 6 AOUT 1942, liste sur laquelle figuraient de nombreux enfants arrêtés avec leurs parents. Une intervention était faite en vue de la libération des mineurs de 21 ans.
Cette intervention répondait à une demande du Directeur de Cabinet du Préfet Régional, Jean CHAPEL, du 31 JUILLET 1942 qui concernait le cas de femmes juives et de mineurs incarcérés à LANGON, demande qui avait été réitérée le 4 AOUT 1942.
A la première de ces notes Maurice PAPON avait répondu le 31 JUILLET 1942 qu'en ce qui concerne les risques éventuels de déportation, aucune mesure nouvelle de cet ordre n'était actuellement prévue, que l'attention du chef du Gouvernement avait été attirée sur les déportations de français ayant eu lieu le 18 JUILLET, que de toute façon si une nouvelle opération était effectuée les enfants de moins de 16 ans et la personne de plus de 75 ans échapperaient aux mesures et qu'une démarche auprès des autorités allemandes était envisageable. Aucune démarche auprès des autorités allemandes n'a été faite en pratique après la demande de Jean CHAPEL du 31 juillet 1942 pas plus qu'à la suite de sa réitération, Maurice PAPON s'étant satisfait de sa lettre du 8 août 1942 au SIPO qui ne vise que de façon accessoire le cas des mineurs de 21 ans dont la liste est pourtant communiquée à l'exclusion des vieillards ainsi que cela résulte de la mention portée par GARAT sur la note du 4 AOUT 1942: "Vu le 8, M. le Secrétaire Général. La lettre générale aux S.S. répond à cette démarche".
Compte tenu du fait que les allemands avaient inclus dans le convoi du 18 JUILLET 1942 des Juifs de nationalité française au prétexte qu'ils s'étaient rendus coupables d'infractions aux ordonnances allemandes, Maurice PAPON ne pouvait se méprendre sur l'importance que revêtait la décision d'accorder le concours de la gendarmerie aux transferts demandés par l'autorité allemande et la grave menace d'un nouveau convoi vers DRANCY que laissait présager le regroupement de Juifs au camp de MERIGNAC.
D'ailleurs, les 7, 8 et 11 AOUT, le Directeur du Camp de MERIGNAC signalait à l'Intendant Régional de Police l'arrivée au camp de plusieurs personnes parmi lesquelles des enfants.
Le 19 AOUT le Directeur du Camp de MERIGNAC avisait ainsi Pierre GARAT de l'arrivée de 9 enfants de 15 à 1 an, parmi lesquels : Jeannette, Maurice, Simon et Léon GRYFF et indiquait le nom et l'adresse des personnes susceptibles de recueillir ces enfants.
Par note du 24 AOUT 1942 signée du Secrétaire Général, la SIPO était avisée de l'arrivée au camp de MERIGNAC de Raymond MAYER pour infraction relative au port de l'insigne.
Dans une lettre du 21 AOUT 1942 signée LUTHER la SIPO refusait de libérer les mineurs de 21 ans et les vieillards juifs détenus à MERIGNAC indiquant que les premiers doivent être "envoyés à leurs parents" et qu'en ce qui concerne les seconds : "il est prévu de transférer à PARIS au commencement de la semaine prochaine tous les Juifs internés au camp de MERIGNAC". Il ajoutait que toute décision de libération était du ressort du chef de la SIPO-SD à PARIS. Cette lettre était communiquée à la délégation du Ministère de l'Intérieur à PARIS. Il était indiqué notamment qu'il avait été "fait des réserves sur la participation des autorités françaises à cette opération" et des instructions étaient sollicitées d'urgence.
Après un entretien avec DOBERSCHUTZ, le 21 AOUT 1942, Pierre GARAT rédigeait le jour même une note destinée à Maurice PAPON indiquant qu'il était demandé aux autorités françaises d'assurer la préparation d'un convoi à destination de DRANCY dans lequel seraient compris tous les Juifs des deux sexes, de tous âges et de toutes nationalités actuellement internés au camp de MERIGNAC et à l'annexe de Bacalan, sans aucune exception sauf pour les femmes allaitant des enfants de moins d'un an - Les enfants dont les parents ont été déportés le 18 JUILLET 1942 devraient partir pour DRANCY d'où ils devraient prochainement rejoindre leurs parents. Pierre GARAT écrivait : "En fait j'ai acquis la certitude par l'allure générale de la conversation que le séjour à DRANCY sera de courte durée et que les intéressés seront déportés". Il indiquait en outre que les allemands avaient déclaré que la convention intervenue à PARIS entre le Gouvernement français et les Autorités Allemandes n'avait pas à s'appliquer "s'agissant de juifs qui s'étaient mis en infraction avec les autorités allemandes". Il concluait en écrivant que l'examen des cas prévus serait "moins un examen contradictoire qu'un simple pointage".
Maurice PAPON a indiqué qu'à partir du moment où il a eu connaissance de cette note, il aurait envisagé que les Juifs pourraient être déportés hors de France, peut-être en Allemagne. Il aurait questionné sur ce point Maurice SABATIER qui n'aurait pu lui donner aucune précision.
Figure au dossier un document manuscrit , non signé, sans indication de destinataire, daté du 22 août ainsi conçu: "22 août 1942 (15 heures 30) Monsieur GARAT- Service des Juifs de la Préfecture fait connaître que mercredi prochain, il y aura vraisemblablement le départ d'un convoi de 150 Juifs à destination de DRANCY. Il y a lieu de prévoir un chef de convoi (Monsieur TECHOUEYRES par exemple) et des inspecteurs- Confirmation sera donnée, lundi prochain".
Se référant à un entretien téléphonique du même jour donné par Monsieur CHAPEL, Maurice PAPON faisait rapport le 22 AOUT 1942 pour le Préfet Régional au Secrétaire d'Etat à l'Intérieur sous couvert de Jean LEGUAY des exigences allemandes contenues dans la note de Pierre GARAT du 21 AOUT 1942.
Figure au dossier une note manuscrite en date du 24 AOUT 1942 signée Maurice PAPON ainsi conçue :
"Reçu ce jour à 11 heures"
"Communication du Commandant SAUTS, Chef Cabinet Monsieur LEGUAY :"
"- qui m'a accusé réception de votre lettre du 22 AOUT"

"- qui m'a confirmé la communication téléphonique du Samedi matin donnée par Monsieur LEGUAY et reçue par Monsieur CHAPEL et selon laquelle il y a lieu d'exécuter les instructions des S.S."
"- qui m'a précisé que l'examen des questions posées se feront sur place au camp de DRANCY"
"24 AOUT 1942"

"PS: Il m'a en outre spécifié sur ma demande qu'il serait répondu à votre lettre à l'issue des négociations actuellement entamées à ce sujet par les autorités allemandes".
Maurice PAPON a soutenu que cette note, écrite de sa main n'était qu'un "compte-rendu d'un subordonné à son chef en 1'occurence Monsieur CHAPEL".
Le Chef Régional de la Sécurité Publique adressait le 24 AOUT 1942 au Commissaire Central une note désignant le Commissaire TECHOUEYRES comme chef du convoi de Juifs devant être dirigé sur PARIS le 26 AOUT. Il était demandé au Commissaire Central de "vouloir bien inviter ce fonctionnaire (TECHOUEYRES) qui a été avisé immédiatement à se mettre en rapport sans délai avec Monsieur GARAT, chef du Service des Questions Juives à la Préfecture de la Gironde". Tandis que le Préfet Régional signait le même jour une réquisition pour la mise à la disposition du directeur du Camp de MERIGNAC du 24 au 26 AOUT de six gendarmes.
Une note dactylographiée et non signée prévoit l'organisation du convoi du 26 AOUT 1942 devant quitter BORDEAUX à 20 heures 20 et comprendre 450 internés de MERIGNAC (hommes, femmes et enfants à destination de DRANCY).
Les effectifs du service d'ordre (20 inspecteurs - 60 gendarmes - 1 officier devant accompagner le convoi sous la direction du Commissaire TECHOUEYRES) des assistantes sociales étaient prévues et les vivres nécessaires étaient énumérés.
In fine figure un alinéa :
"Remarque : Les services compétents allemands ont averti qu'il y aurait autant d'arrestations de membres de la police française que d'évasion" (Au bas de cette note on trouve la mention manuscrite : "Reçu de Monsieur l'Intendant le 28 AOUT 1942".
Une note de service du Colonel Commandant la 18ème Légion de Gendarmerie confirme la composition du détachement gendarmerie devant escorter le convoi.
Le 26 AOUT, 443 personnes internées au camp étaient transférées à DRANCY, parmi lesquelles plusieurs personnes visées par les plaintes avec constitution de partie civile :
- BENIFLA Moïse Maurice, qui avait été arrêté en 1942 dans des circonstances ignorées
- BENAIM Saadia, et DRAI Simon qui se trouvaient dans des camps de travailleurs et avaient été internés au camp de MERIGNAC en mars 1942.
- WIERNICK Krejulda Charlotte épouse GRIFF, SPEKTOR Malka épouse STALKOSKI, SPEKTOR Dora épouse STALKOSKI, SPZEKTOR Anna, qui avaient été arrêtés par les Allemands pour franchissement irrégulier de la ligne de démarcation,
- JACOB Jules
- plusieurs enfants de moins de 15 ans (le plus jeune ayant deux ans) :
. Henry PLEVINSKI né le 8 JUILLET 1933 à NANCY (9 ans) et Jeanne PLEVINSKI née le 16 AOUT 1938 à NANCY (4 ans) qui avaient été séparés de leurs parents le 18 JUILLET 1942, arrêtés pour infraction aux ordonnances allemandes. Après avoir été confiés au Grand Rabbin COHEN, ils avaient finalement été placés dans la famille SLIMERMANN à LIBOURNE. Leurs noms paraissent en fin de la liste dressée par le Directeur du Camp de MERIGNAC comme s'ils avaient été rajoutés in extrémis.
. Jeannette GRIFF née le 28 JUILLET 1933 à REIMS (9 ans), Simon GRIFF né le 18 NOVEMBRE 1937 à REIMS (5 ans), Léon GRIFF né le 19 JANVIER 1941 à REIMS (2 ans), Maurice GRIFF né le 30 OCTOBRE 1935 à REIMS (7 ans), tous quatre de nationalité française. Après avoir été arrêtés avec leurs parents lors d'une tentative de franchissement irrégulier de la ligne de démarcation ils avaient été internés au camp de MERIGNAC alors qu'ils pouvaient être pris en charge par Madame GRIFF demeurant à REIMS.
. Nelly STOPNICKI née le 8 AVRIL 1937 à NANCY et Rachel STOPNICKI née le 9 AVRIL 1940 à NANCY qui avaient été confiées à Madame DESYEUX qui les a ramenées à l'annexe de Bacalan sur injonction du garde champêtre de SALLES.
. Ida Jacqueline JUNGER née le 29 NOVEMBRE 1934 à LILLE (7 ans) et Jacques JUNGER né le 20 OCTOBRE 1938 à LILLE (3 ans) de nationalité française qui avaient été confiés à Madame PIMPON demeurant à PESSAC et que la Police Française était venue chercher pour les conduire à MERIGNAC.
Tous à l'exception de BENIFLA Moïse Maurice furent ultérieurement transférés de DRANCY à AUSCHWITZ où ils furent exterminés, à l'exception de BENIFLA Moïse Maurice :
- BENAIM Saadia et DRAI Simon, le 18 SEPTEMBRE 1942
- WIERNICK Krejulda Charlotte épouse GRIFF, le 7 SEPTEMBRE 1942, - JACOB Jules, le 23 SEPTEMBRE 1942,
- SPEKTOR Malka épouse STALKOSKI, SPEKTOR Dora épouse STALKOSKI et SPECKTOR Anna le 31 AOUT 1942,

les mineurs de 15 ans : GRIFF Jeannette, GRIFF Maurice, GRIFF Simon et GRIFF Léon, JUNGER Jacqueline, JUNGER Jacques, PLEVINSKI Henri, PLEVINSKI Jeanine, STOPNICKI Rachel et STOPNICKI Nelly le 7 septembre 1942.
Maurice PAPON signait un rapport non daté mais se référant à sa lettre du 22 AOUT 1942 adressé à la délégation du Ministère de l'Intérieur à PARIS concernant le déroulement de l'opération et précisant :
- qu'à la suite d'un "examen sommaire effectué dans le camp d'internement par l'autorité allemande", en présence de son représentant, les mères allaitant leur enfant et leur bébé soit environ 20 personnes et 10 Juifs accusés d'une infraction dont la matérialité n'a pu être établie ont été exemptés,
- que dans les 443 personnes de tous âges et de toutes nationalités transférées, figurent 186 français dont des veuves de guerre, des femmes de prisonniers, des vieillards ainsi que des conjoints d'aryens.
- qu'un chargé de mission doit remettre à Jean LEGUAY la liste des Juifs transférés et lui signaler à toutes fins utiles les cas les plus "intéressants".
Maurice PAPON a soutenu en ce qui concerne le cas des enfants :

- que l'autorité allemande avait catégoriquement rejeté toutes les objections de l'administration française,
- que LUTHER et DOBERSCHUTZ qui avaient suivi les opérations du 18 JUILLET 1942 connaissaient le nom et l'adresse des familles d'accueil,
- que les listes ont été établies par le Directeur du camp sous le contrôle strict de l'autorité allemande,
- qu'il n'a pris personnellement aucune initiative dans l'internement de ces enfants et ce d'autant plus qu'il a protesté auprès des autorités centrales françaises contre les prétentions allemandes, et notamment signalé le 29 JUILLET 1942 le cas des enfants dont les parents auraient été arrêtés,
- qu'il n'a jamais donné d'ordres quant au regroupement des enfants à MERIGNAC ou à Bacalan.
Néanmoins, figurent au dossier

- Une note du 1er AOUT 1942 signée GARAT, adressée au Directeur de l'hôpital des Enfants pour qu'il remette à Madame FERREYRA les enfants STOPNICKI Nelly et Lucienne qui devaient résider chez Mademoiselle DESCAS à BODET-SALLES.
- Une liste des enfants des Juifs arrêtés dans la nuit du 15 au 16 JUILLET 1942 comportant notamment les enfants de la famille PLEWINSKI, de la famille STOPNICKI et de la famille JUNGER avec indication de l'adresse des personnes qui les avaient recueillis. L'annotation "liste remise par Mademoiselle FERREYRA déléguée de 1'UGIF le 17 AOUT 1942" ce qui confirme que les services de la préfecture ont disposé au moins à partir de cette date de l'adresse où se trouvaient les enfants, comme ils ont eu connaissance dès le 19 AOUT 1942 de la présence des enfants GRIFF au camp de MERIGNAC.
- deux factures, l'une datée du 9 FEVRIER 1943 à l'ordre de la Préfecture de la Gironde concernant le transport de "deux enfants Juifs de SALLES à BORDEAUX - Enfants Nelly et Lucienne STOPNICKI" confirmée par une lettre du maire de SALLES adressée au Préfet de la Gironde ayant trait au paiement de ce transport et l'autre du 30 SEPTEMBRE 1942 pour le transport de SAINT MICHEL DE FRONSAC et BRANNE de quatre enfants Juifs dont Jeannine et Henri PLEVINSKI qui étaient placés à SAINT MICHEL DE FRONSAC. Ce qui indique que le Service des Questions Juives est intervenu dans le regroupement des enfants à l'annexe du camp de Bacalan.
Même si comme l'affirme Maurice PAPON les services allemands connaissaient les adresses des familles où avaient été placés les enfants dont les parents avaient été arrêtés dans la nuit du 15 au 16 JUILLET 1942, il lui était possible de donner des instructions pour que ceux-ci soient déplacés puisqu'il a admis avoir connu dès le 21 AOUT 1942 la menace de déportation qui pesait sur eux et d'autre part l'imminence d'un nouveau convoi. Tout aussi capitales sont les instructions données à la Gendarmerie Française à la demande des allemands d'effectuer les transferts de personnes arrêtées pour franchissement irrégulier de la ligne de démarcation. En effet, Maurice PAPON dans sa lettre du 8 AOUT 1942 adressée au Chef de la SIPO révèle qu'il n'ignorait pas que cette mesure serait susceptible de s'appliquer à des enfants que leurs familles tentaient de mettre à l'abri. D'ailleurs dés le 7 AOUT 1942 et tout au long du mois, le Directeur du Camp d'internement avait signalé à l'Intendant Régional de Police ou à GARAT l'arrivée de personnes accompagnées d'enfants, que Maurice PAPON ne pouvait ignorer.
L'instruction a pleinement démontré que les allemands n'étaient pas intervenus au niveau du regroupement à MERIGNAC des enfants dont les parents avaient été arrêtés les 15 et 16 JUILLET 1942: outre l'examen des factures à cette occasion l'audition des personnes qui avaient la garde de ces enfants montre qu'ils ont été amenés au camp de MERIGNAC ou à l'annexe de Bacalan à l'instigation du Service des Questions Juives . La note de Pierre GARAT au Directeur de l'hôpital des Enfants du 1er AOUT 1942, confirme que le service des Juifs de la Préfecture connaissait le lieu de placement de ces enfants.
Enfin il ressort tant du rapport adressé à la délégation du Ministère de l'Intérieur par Maurice PAPON que dans le rapport de mission rédigé par Pierre GARAT à son retour de DRANCY que le cas des enfants ne fait pas l'objet d'interventions spécifiques.
En effet, Pierre GARAT devait rédiger pour le Préfet de Région sous couvert du Secrétaire Général un compte-rendu de mission au sujet du convoi du 26 AOUT 1942 mentionnant :

- une tentative de suicide et une évasion (il s'agit de REINSBERG Irma qui sera arrêtée, blessée à MEUNG/LOIRE et hospitalisée à ORLEANS -
- que les Allemands ont exigé un contingent de 1.000 Juifs par semaine sans intervenir dans le triage des intéressés,
- que jusqu'à présent les Juifs français et les conjoints d'aryens ont pu être exemptés à condition que leur arrivée n'ait pas lieu la veille d'un départ,
- qu'il a été remis au commandant du camp une liste des personnes transférées sur laquelle est mentionnée leur nationalité ainsi que les cas spéciaux,
- que selon Jean LEGUAY les allemands sont d'accord pour que les Juifs français ne soient pas déportés et qu'il convenait en conséquence de ne pas examiner de trop près le cas des Juifs étrangers dans la mesure où le complément du contingent exigé serait composé de Juifs français,
- qu'il ne serait pas possible d'obtenir le rapatriement des Juifs français déportés le 18 JUILLET 1942.
Maurice PAPON a admis avoir pu signer la réquisition aux Services de Gendarmerie du 28 AOUT 1942 qui ne pouvait se rattacher à l'organisation du convoi de septembre et qui constituait selon lui une réquisition de régularisation administrative concernant le convoi du 26 AOUT 1942 faisant suite à celle signée par Maurice SABATIER le 24 AOUT 1942. Selon lui cet acte n'aurait eu que des conséquences financières sur les frais du convoi proprement dit, sur les soldes et le matériel et était distinct d'un ordre de mission. Néanmoins, il s'avérait que la réquisition signée par Maurice SABATIER qui s'adresse au chef d'escadron vise exclusivement la mise à la disposition de gendarmes au Camp de MERIGNAC du 24 au 26 AOUT jusqu'au moment du départ du convoi alors que celle signée par Maurice PAPON est relative à l'escorte du convoi de BORDEAUX à DRANCY et est formulée dans les mêmes termes que celle de Maurice SABATIER. Lors de son interrogatoire du 28 JUIN 1989, Maurice PAPON indiquait qu'à la réflexion les deux réquisitions ne s'appliquaient pas à la même opération, celle de Maurice SABATIER concernant l'escorte depuis le camp de MERIGNAC jusqu'à la gare de Saint Jean et celle signée par lui s'appliquant au convoi de DRANCY. Il affirmait qu'il s'agissait d'un acte de régularisation pris sous l'autorité et selon les directives du Préfet régional.
Il faut noter cependant que Maurice PAPON a signé le 1er FEVRIER 1943 une réquisition aux services de gendarmerie pour escorter le convoi de MERIGNAC à DRANCY du 2 FEVRIER 1943 et qu'il a indiqué par ailleurs lors de son interrogatoire du 28 JUIN 1989 qu'il avait délégation de signature pour le Préfet régional d'une façon générale.
Le 14 SEPTEMBRE 1942 une note à en-tête du Service des Questions Juives du Préfet Régional mais portant le paraphe de GARAT était adressée au Préfet du Loiret afin qu'Irma REINSBERG blessée lors de son évasion soit conduite dès guérison au camp de DRANCY.
Des factures relatives au ravitaillement et au transport des Juifs compris dans ce convoi ont été établies à l'ordre du Service des questions juives de la Préfecture.

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