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Convoi du 7 juin et du 25 novembre 1943

Figure au dossier une liste établie par le Directeur du Camp de MERIGNAC le 4 JUIN 1943, intitulée "liste des juifs faisant partie du convoi du 7 JUIN 1943" comportant 28 noms d'hommes et 8 noms de femmes dont 17 Français.
Pierre GARAT délivrait les bons de transport de l'adjudant et des 15 gendarmes de l'escorte du convoi.
Par note manuscrite, il avait demandé des voitures pour le transport de 35 Juifs de MERIGNAC à la gare Saint Jean.
Un rapport du service des renseignements généraux de BORDEAUX en date du 7 JUIN 1943 signale le départ ce jour là d'un convoi de 34 personnes à destination de DRANCY. Il était précisé que ce convoi était accompagné de gendarmes français".
Le 25 novembre 1943 le Chef du détachement de la SIPO à BORDEAUX avait fait procéder au transfert de 86 personnes internées au camp de MERIGNAC parmi lesquelles se trouvait Sabatino SCHINAZI à destination de DRANCY.
Ce transfert avait été ordonné par une note du 23 NOVEM8RE 1943 envoyée directement à l'Intendant Régional de Police lui donnant toutes instructions en vue de l'organisation du transfert de 92 personnes par chemin de fer, pour les faire conduire du camp de MERIGNAC à la gare ainsi que pour prévoir la surveillance du convoi.
Le 24 NOVEMBRE le Commissaire divisionnaire, chef du service régional de la Sécurité Publique chargeait les services de police du Commissariat Central de BORDEAUX de l'organisation du convoi.
L'escorte était placée sous la responsabilité de l'officier de paix DUCAMIN. Les conditions dans lesquelles ce convoi au cours duquel 5 évasions eurent lieu sont relatées dans un rapport de l'officier de Paix DUCAMIN du 27 NOVEMBRE et dans un rapport du Commissaire central du 24 NOVEMBRE.
Le 25 NOVEMBRE 1943, le jour même du transfert, Jacques DUBARRY nouveau chef du service des Questions juives de la Préfecture en remplacement de Pierre GARAT rédigeait une note au Préfet régional sous couvert du secrétaire Général dans laquelle il signalait que le transfert avait été porté indirectement à sa connaissance, le directeur du camp de MERIGNAC ayant négligé de l'informer et les autorités allemandes, contrairement aux précédentes opérations du même type, ne l'ayant pas prévenu. Il cite le cas de plusieurs personnes qui malgré ses interventions antérieures auprès des autorités allemandes, ont été déportées (anciens combattants décorés, conjoint d'une employée de la Préfecture). Il indique néanmoins qu'un mois auparavant environ, il avait été averti de l'éventualité d'un transfert à DRANCY.
Le surlendemain Maurice SABATIER adressait aux autorités de VICHY un rapport déplorant l'absence d'information préalable par les autorités allemandes qui a empêché tout examen des cas particuliers.
L'Intendant régional de Police a rendu compte de ce transfert au KDS de BORDEAUX le 7 DECEMBRE 1943.
Maurice PAPON soutient qu'il est établi par les pièces versées à la procédure que la Préfecture avait été complètement "court circuitée" et qu'en toute hypothèse l'Intendant régional de police dépendait directement du Préfet régional et le directeur du camp de MERIGNAC du préfet délégué. Ce qui est contredit par l'analyse du fonctionnement effectif de la Préfecture tel qu'il résulte de l'instruction.
Parmi les personnes déportées Sabatino SCHINAZI, médecin, père de neuf enfants, né le 28 JUIN 1893 en Egypte, de nationalité française ainsi qu'il ressort de la fiche établie à son nom au camp de DRANCY, faisait partie du convoi parti de BORDEAUX le 25 NOVEMBRE 1943.
Selon Samuel SCHINAZI, partie civile, qui fut lui même interné en Octobre 1941, son père avait été arrêté en juin 1942 par deux gendarmes français qui l'avaient conduit au camp de MERIGNAC. Les circonstances de cette arrestation avaient déjà été rapportées par Madame SCHINAZI et sa fille Rachel SCHINAZI lors de leurs auditions les 5 MARS et 1er AVRIL 1947 dans le cadre de la procédure suivie contre Lucien DEHAN.
Un document signé "pour le Préfet Régional le Chef de Division - (le 3ème bureau de la 1ère division avait en charge les étrangers) - signale l'arrivée au camp de MERIGNAC, de Sabatino SCHINAZI sur ordre des autorités allemandes - mesures contre les Juifs le 10 JUILLET 1942.
Durant son internement, un courrier signé "pour le Préfet, le Secrétaire Général" à en-tête de la Préfecture de la Gironde Inspection de la Santé en date du 4 JUILLET 1942 était adressé au cabinet médical de Sabatino SCHINAZI pour lui notifier l'interdiction d'exercer sa profession de médecin en France conformément à un arrêté du Secrétaire d'Etat à la Santé publié au Journal Officiel du 27 JUIN 1943.
Une enquête effectuée par la Section d'Enquête et de Contrôle du Commissariat aux Questions Juives le 10 AVRIL 1943 avait conclu que Madame SCHINAZI devait être considérée comme non Juive.
Contrairement aux accords BOUSQUET-OBERG qui excluaient les conjoints d'aryens Sabatino SCHINAZI a été déporté au camp de DRANCY puis de DRANCY à AUSCHWITZ le 7 DECEMBRE 1943 puis à DACHAU où il est décédé le 23 FEVRIER 1945. Selon les parties civiles Madame SCHINAZI aurait effectué de nombreuses demandes pour obtenir la libération de son mari auprès de Pierre GARAT, Maurice PAPON ayant refusé de la recevoir.
Le 8 DECEMBRE 1943, Monsieur CASTANET, Chef de cabinet répondait à Madame SCHINAZI que le cas de son mari dépendait des autorité allemandes.
Le 18 DECEMBRE 1943 sur la demande de Madame SCHINAZI, Maurice PAPON adressait à l'UGIF copie du rapport de la SEC concluant à l'aryanité de l'épouse et l'accord de la police allemande pour la radiation des enfants SCHINAZI du registre des israélites.
Les affirmations de Maurice PAPON selon lesquelles il a toujours agi en faveur de Sabatino SCHINAZI sont contredites par le fait que celui-ci a été maintenu au camp d'internement de MERIGNAC en dépit du rapport de la SEC du 10 AVRIL 1943. Ce maintien présentait d'autant plus de dangers que Jacques DUBARRY avait été prévenu de l'éventualité d'un convoi un mois auparavant et que les déportations individuelles comme massives se succédaient de façon régulière . Il convient en outre de noter qu'il n'est pas fait allusion au cas de Sabatino SCHINAZI ni parmi les interventions mentionnées dans le rapport de Jacques DUBARRY du 25 NOVEMBRE 1995 ni dans le rapport adressé par Maurice SABATIER aux autorités de VICHY. Enfin la transmission d'une copie du rapport de la SEC à l'UGIF, 23 jours après le transfert de l'intéressé à DRANCY ne pouvait qu'être vouée à l'échec. En outre Sabatino SCHINAZI n'entrait pas dans la catégorie des personnes déportables en application des "accords" BOUSQUET-OBERG et il aurait pu être libéré si une demande avait été présentée en temps voulu aux autorités allemandes.

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