> La procédure en bref
> L'arrêt de la chambre d'accusation
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Dès avant la prise de fonction de Maurice SABATIER et de Maurice PAPON, en JUIN 1942, des arrestations isolées et des internements pour des motifs raciaux étaient intervenus. (Ainsi BENIFLA Adolphe arrêté le 13 SEPTEMBRE 1941 par la police française, condamné à 90 jours de prison purgés au Fort du Hâ pour propagande judéo-bolchevique et interné au camp de MERIGNAC en Avril 1942 après avoir purgé sa peine ou encore BENAIM Sardia arrêté en MAI 1942, DRAI Simon arrêté le 30 MARS 1942 et interné à ce moment).
Il convient de noter que le 19 MARS 1942, le Délégué Régional de la Police des Questions Juives avait adressé une lettre au Préfet régional de l'époque, PIERRE-ALYPE, concernant un projet des autorités d'occupation de procéder à l'arrestation de Juifs étrangers de la région. Il précisait que selon le commandant HAGEN, il appartenait aux autorités françaises d'assurer l'arrestation et le transport de ces Juifs soit avec des véhicules des Préfectures ou des services de police et de gendarmerie soit au besoin en procédant à des réquisitions. Les Juifs étrangers de la région devaient être regroupés pendant 24 ou 48 heures au camp d'internement de MERIGNAC avant leur acheminement vers PARIS, en convoi par chemin de fer, sous surveillance française.
Entre JUIN 1942 et AOUT 1944, dix convois composés de personnes d'origine juive ont quitté BORDEAUX à destination de DRANCY d'où elles ont été déportées après un temps plus ou moins long à AUSCHWITZ où elles ont péri soit à la suite des traitements inhumains subis dans ce camp, soit qu'elles y aient été systématiquement exterminées. Certains de ces convois ont été précédés d'arrestations massives effectuées dans la population juive, d'autres ont été formés avec des personnes déjà internées au camp de MERIGNAC notamment des personnes arrêtées avec leurs enfants par les allemands pour franchissement irrégulier de la ligne de démarcation comme GRIFF Charlotte et ses enfants mineurs Jeannette, Maurice, Simon et Léon internés depuis le 18 AOUT 1942 ou encore les mineurs André et Arlette STAJNER (ou SZTOYNER) internés depuis la même date.
Il s'agit des convois du :
- 18 JUILLET 1942 161 personnes
- 26 AOUT 1942 443 personnes
- 21 SEPTEMBRE 1942 71 personnes
- 26 OCTOBRE 1942 73 personnes
- 2 FEVRIER 1943 107 personnes
- 7 JUIN 1943 34 personnes
- 25 NOVEMBRE 1943 92 personnes
- 30 DECEMBRE 1943 136 personnes
- 12 JANVIER 1944 317 personnes
- 13 MAI 1944 50 personnes
Enfin, un dernier convoi a quitté BORDEAUX à destination de DRANCY le 5 JUIN 1944 avec 76 Juifs du camp de l'organisation TODT LINDERMANN.
Tous ces convois ont été organisés et se sont déroulés, pour l'essentiel selon des modalités analogues à celles décrites par la lettre du délégué régional de la police des questions juives du 11 MARS 1942 qui indiquait déjà qu'il incomberait aux autorités françaises d'assurer l'arrestation et le transport des Juifs étrangers, leur regroupement pendant 24 à 48 heures au Camp d'internement de MERIGNAC avant de les acheminer vers PARIS, en convoi, par chemin de fer, sous surveillance française.
En MARS 1943 une série d'arrestations a concerné les Juifs de nationalité hongroise.
Par ailleurs un certain nombre de personnes ont été directement transférées du camp de MERIGNAC à DRANCY (ainsi Léon LIBRACH transféré à DRANCY le 8 JUILLET 1942).
Le transfert de Léon LIBRACH du FORT du HA au Camp de MERIGNAC puis du camp de MERIGNAC à celui de DRANCY.
Léon LIBRACH né le 31 MAI 1916 à VARSOVIE, de nationalité française, a été conduit par la gendarmerie française, de BORDEAUX à DRANCY le 8 JUILLET 1942 sur instruction du Préfet de la Gironde selon les indications portées sur le fichier de DRANCY, et déporté à AUSCHWITZ le 18 SEPTEMBRE 1942.
Le 9 JUIN 1942, les autorités allemandes avaient demandé au Commissaire POINSOT son transfert du Fort du Hâ au camp de MERIGNAC. Une note manuscrite portant le cachet du camp "Préfecture de la Gironde BEAUDESERT-MERIGNAC" précise que, par ordre téléphonique de la première division, trois internés de race juive dont Léon LIBRACH doivent être remis à la disposition de la Gendarmerie pour être transférés à DRANCY.
Un rapport du 3 JUILLET 1942, du Capitaine de Gendarmerie PAGES se référant à une communication téléphonique du même jour et à une note du Préfet, Première Division Troisième Bureau, du 25 JUIN 1942, rend compte du transfert le 26 JUIN 1942 de Léon LIBRACH du Fort du Hâ à MERIGNAC.
Le 6 JUILLET 1942 Maurice PAPON requérait le commandant de gendarmerie de BORDEAUX pour conduire l'intéressé ainsi que deux autres Juifs GOLDENBERG et BRAUN au camp de DRANCY le 8 JUILLET 1942 en donnant toutes directives utiles pour l'escorte et les bons de transports. Deux factures concernant ce transfert ont été établies et adressées au service des Juifs de la Préfecture.
ARRESTATION DE QUATRE JUIFS DE NATIONALITE ETRANGERE EN JUILLET 1942
Le 12 JUIN 1942 le chef de la SIPO de BORDEAUX demandait au Commissaire Spécial POINSOT de faire transférer au camp de MERIGNAC, après arrestation, trois Juifs étrangers, assistants en médecine, JUNICK Jechock, CURSHIN Persen et HARTH Markus.
Dans une lettre non datée signée "pour le Préfet Régional, le Secrétaire Général" et adressée à l'Intendant régional de Police, il était rappelé que celui-ci avait adressé deux jours auparavant les demandes d'arrestation présentées par les autorités allemandes concernant les trois étudiants en médecine cités plus haut et BRAUN Viktor. Il était précisé que les trois premiers avaient disparu le 15 JUIN soit avant que la Préfecture ait eu connaissance de la demande d'arrestation ce qui excluait qu'ils aient été prévenus par un fonctionnaire de la Préfecture. Il était demandé d'inviter le Commissaire POINSOT, à qui les demandes allemandes avaient été remises de les adresser désormais directement au Préfet régional pour "éviter des retards". Il était noté que le Commandant de Gendarmerie avait été saisi de l'arrestation et du transfèrement au camp de MERIGNAC des intéressés et qu'ils seront transférés à DRANCY dès leur arrestation.
Aucune des personnes visées par ces ordres d'arrestation n'est mentionnée dans les plaintes avec constitution de partie civile.
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