> La procédure en bref
> L'arrêt de la chambre d'accusation
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Outre cette action continue, Maurice PAPON et le Service des Questions Juives de la Préfecture placé sous ses ordres, ont apporté leur concours à l'occasion de chacune des opérations menées à l'instigation des autorités allemandes contre la communauté juive :
1 - Le 6 JUILLET 1942, Maurice PAPON a requis le Commandant de Gendarmerie de BORDEAUX pour conduire LIBRACH Léon à DRANCY en donnant toutes directives pour ce transport.
Le Service des Questions Juives de la préfecture agissant sous son autorité a délivré les bons de transport et a été destinataire des factures concernant ce transfert.
2 - Maurice PAPON a apporté son concours aux arrestations des 15 et 16 JUILLET 1942 et à l'organisation du convoi du 18 JUILLET 1942 :
- Il a signé après y avoir apporté des modifications, le rapport du 3 JUILLET 1942 établi par Pierre GARAT détaillant les difficultés d'organisation de l'opération d'arrestations massives et de déportation des Juifs projetée par les autorités allemandes.
- Il a encore signé le même jour une habilitation à Pierre GARAT demandant aux autorités de faciliter au maximum sa tâche dans le cadre de la "mission spéciale" qui lui était confiée.
- Il a laissé établir par le Service des Questions Juives les listes de Juifs à arrêter à la demande des autorités allemandes alors que Jean LEGUAY avait demandé d'attendre.
- Il a permis la communication à la SIPO de la liste des Juifs français internés ou incarcérés alors qu'il relevait lui même dans un rapport du 14 JUILLET 1942 que la remise d'une telle liste pourrait avoir "pour conséquence la déportation de Juifs français à laquelle les autorités allemandes avaient renoncé".
- Il a donné instruction à GARAT de se faire tenir au courant heure par heure des opérations d'arrestations.
- Il a donné des directives à Pierre GARAT pour la location d'autobus pour transporter les internés du camp de MERIGNAC à la Gare Saint Jean et pour la réservation de wagons de voyageurs pour leur transfert à DRANCY.
Pierre GARAT aujourd'hui décédé agissant sous l'autorité de Maurice PAPON a aussi concouru à ces opérations.
- Il est allé recueillir les instructions du chef de la SIPO de BORDEAUX,
- Il a établi les listes de Juifs demandées par les Allemands à partir du fichier tenu par le Service des Questions Juives de la Préfecture, le fichier des étrangers ou les listes communiquées par les services de police.
- Il a répondu aux demandes du Préfet des Landes et du Sous-Préfet de BAYONNE sur les problèmes de communication des listes de juifs,
- Il s'est fait tenir au courant heure par heure par les services de police du déroulement des opérations d'arrestation.
- Il a procédé le 18 JUILLET, au camp de MERIGNAC à un examen de situation des juifs arrêtés en présence du chef de la SIPO.
- Il a signé le 18 JUILLET un ordre de mission au Commissaire TECHOUEYRES pour commander l'escorte du convoi.
3 - Maurice PAPON a concouru aux opérations de déportations de Juifs du 26 AOUT 1942 :
- Il a donné des instructions à la Gendarmerie Française le 8 AOUT 1942 pour qu'elle assure le transfert au camp de MERIGNAC des Juifs arrêtés pour passage irrégulier de la ligne de démarcation, cet ordre ayant une importance toute particulière dès lors que les autorités allemandes avaient indiqué que leurs effectifs ne leur permettaient pas d'assurer ces transferts et plusieurs personnes dont des mineurs, transférés du camp de MERIGNAC dans ces conditions ayant été comprises dans le convoi du 28 AOUT 1942.
- Il a communiqué à la SIPO le 8 AOUT 1942 la liste des Juifs internés à MERIGNAC entre le 29 JUILLET et le 6 AOUT 1942, liste sur laquelle figuraient de nombreux mineurs arrêtés avec leurs parents.
- Il a été destinataire du compte-rendu fait par GARAT le 21 AOUT 1942 de son entretien avec DOBERSCHUTZ dont il avait référé aux autorités centrales de VICHY le 28 et sachant que la mesure de déportation s'appliquerait à tous les Juifs quelque soient leur âge ou leur nationalité, il n'a pris aucune mesure pour assurer la dispersion des enfants Juifs placés dans des familles d'accueil.
- Il a signé le 28 AOUT 1942 une réquisition au Commandant de Gendarmerie afin qu'il fournisse le nombre de gendarmes nécessaires à l'escorte du convoi de la gare Saint-Jean à DRANCY, étant précisé qu'il ressort de l'information que le concours de la gendarmerie pouvait être accordé sur un ordre verbal et que Maurice PAPON avait le pouvoir de requérir la gendarmerie pour escorter des convois de Juifs puisqu'il signera une telle réquisition le 1er FEVRIER 1943.
Le Service des Questions Juives et son chef Pierre GARAT, sous l'autorité de Maurice PAPON, sont ici encore intervenus à tous les stades de la préparation et de l'organisation de ce convoi :
- Pierre GARAT s'est rendu à deux reprises les 31 JUILLET et 21 AOUT 1942 avec l'autorisation de Maurice PAPON à des convocations de DOBERSCHUTZ pour prendre acte des exigences allemandes concernant le transfert des Juifs arrêtés pour franchissement irrégulier de la ligne de démarcation et pour préparer le convoi du 26 AOUT.
- Pierre GARAT a suggéré la désignation du Commissaire TECHOUEYRES, au nom duquel il avait déjà établi un ordre de mission pour le précédent convoi, comme chef d'escorte ainsi qu'il résulte d'une note manuscrite du 22 AOUT 1942.
- Le Service des Questions Juives a reçu le 17 AOUT 1942 de la déléguée de 1'UGIF la liste des enfants juifs dont les parents avaient été arrêtés dans la nuit du 15 au 16 JUILLET 1942 avec l'adresse de personnes qui les avaient recueillis et a provoqué l'intervention des services de police ou d'un garde champêtre pour qu'ils soient amenés au camp de MERIGNAC, étant précisé que compte tenu de l'intervention de Maurice PAPON le 8 AOUT 1942 en vue de la libération des mineurs de 21 ans et de la réponse négative de LUTHER du 21 AOUT 1942, il est inconcevable que Pierre GARAT ait pu procéder à un tel regroupement sans en référer à son chef hiérarchique.
- Des factures ont été établies à l'ordre du Service des Questions Juives de la Préfecture pour le transport le 25 AOUT 1942 de 4 enfants Juifs de SAINT MICHEL DE FRONSAC et BRANNE à LIBOURNE parmi lesquels les enfants PLEWINSKI et pour le transport le même jour de SALLES à BORDEAUX des enfants Nelly et Lucienne STOPNICKI.
- Pierre GARAT a été destinataire d'une liste établie par le Directeur du Camp de MERIGNAC comportant le nom de 10 enfants juifs arrivés au Camp de MERIGNAC le 18 AOUT 1942 avec indication des noms et adresses des familles susceptibles de les recueillir, sans qu'aucune mesure ne soit prise pour les soustraire à une déportation dont l'imminence était connue depuis le 21 AOUT.
- Pierre GARAT a assisté le 26 août 1942 à un "examen sommaire" effectué par l'autorité allemande et a laissé partir en déportation des mineurs de 15 ans.
- Pierre GARAT a poursuivi sa mission jusqu'à DRANCY.
4 - Même si comme il le prétend, Maurice PAPON était absent de BORDEAUX du 19 au 28 septembre 1942, il a néanmoins concouru à l'organisation du convoi du 21 septembre 1942 dans la mesure ou :
- on relève parmi les personnes transférées à DRANCY Arlette et André SZTAJNER, mineurs de 15 ans qui étaient internés à MERIGNAC depuis le 18 août 1942, alors que le Directeur du Camp de MERIGNAC en signalant leur arrivée au Camp à Pierre GARAT avait indiqué l'adresse de personnes susceptibles de les recueillir. Malgré les menaces de déportation qui pesaient sur eux compte tenu du précédent convoi du 26 août 1942 ayant inclu des mineurs, il les a maintenus séquestrés et aucune mesure n'a été prise pour les soustraire au danger qu'ils couraient.
- Il faut rappeler que le 8 août 1942 Maurice PAPON avait adressé au chef de la SIPO la liste des Juifs internés au Camp de MERIGNAC du 29 au 6 août comprenant de nombreux enfants arrêtés avec leurs parents. Or les Juifs déportés à DRANCY étaient soit déjà internés au Camp de MERIGNAC soit détenus à la Section Allemande du Fort du Hâ.
- Maurice PAPON a indiqué que pour chaque convoi on constatait la mise en jeu du même scénario et qu'il n'avait pas d'ordre particulier à donner à GARAT, correspondant habituel de DOBERSCHUTZ et de LUTHER. Grâce à l'ordre de mission permanent donné par Maurice PAPON à Pierre GARAT, le Service des Questions Juives a fonctionné de façon habituelle apportant son concours à l'opération décidée par la SIPO dans des conditions analogues à celles de Juillet et août 1942.
- Pierre GARAT s'est ainsi rendu au camp de MERIGNAC le 21 septembre 1942 accompagné d'un officier allemand et a assisté à l'appel des internés devant faire partie du convoi désignant même Madame REILLE pour l'y inclure et a procédé "au triage". Néanmoins douze enfants ont été compris dans ce convoi et aucune intervention spécifique n'a été faite en leur faveur.
5 - Les arrestations massives du 19 au 20 octobre 1942 et le convoi du 26 octobre 1942.
Ici encore le Service des Questions Juives a concouru aux opérations décidées par les autorités allemandes avec l'accord de son chef hiérarchique Maurice PAPON qui a reconnu avoir annoté de sa main la lettre du chef de la SIPO adressée le 19 octobre 1942 à la Préfecture de la Gironde pour faire connaître les exigences allemandes concernant cette nouvelle opération menée contre les Juifs étrangers.
- Il convient de noter que le 10 septembre 1942 Maurice PAPON avait transmis au commandant de la SIPO 345 fiches classées par ordre alphabétique adressées par les services de police ou par les mairies en juillet et août 1942 par suite de la circulation des étrangers.
- Pierre GARAT accompagné d'un autre membre du Service des Questions Juives et d'officiers allemands a remis aux policiers français les listes de personnes à arrêter au dernier moment pour éviter des fuites.
- Se référant à une conversation avec Pierre GARAT du 22 avril 1942, DOBERSCHUTZ demandait à la " Préfecture" de faire transférer par la police française 7 Juifs détenus à la prison militaire du Fort du Hâ au camp d'internement de MERIGNAC pour qu'ils soient joints au convoi du 26 octobre.
- Pierre GARAT a participé entre le 20 et le 26 octobre 1942 avec les autorités allemandes au cours duquel la situation des personnes arrêtées fut examinée. Il a néanmoins laissé figurer sur les listes des mineurs de 15 ans, fait que Maurice PAPON ne pouvait ignorer et en faveur desquels aucune intervention spécifique n'a été faite.
6 - Le convoi du 27 novembre 1943 Déportation de Sabatino SCHINAZI.
Maurice PAPON et le Service des Questions Juives placé sous son autorité a encore concouru à la déportation de Sabatino SCHINAZI qui fut inclus dans le convoi du 27 novembre 1943. En effet :
- Jacques DUBARRY avait été averti un mois auparavant de l'éventualité d'un nouveau transfert à DRANCY,
- Malgré les démarches entreprises par l'épouse de Sabatino SCHINAZI tant auprès de Maurice PAPON, qu'auprès de Pierre GARAT et du Cabinet de Maurice SABATIER, Sabatino SCHINAZI, de nationalité Française, conjoint d'une femme qui avait été déclarée non juive après enquête de la SEC du 10 avril 1943 et qui n'était pas déportable selon les "accords" OBERG-BOUSQUET était néanmoins maintenu en état de séquestration et compris dans le convoi du 27 novembre 1943.
7 - les arrestations du 20 au 21 décembre 1943 et le convoi du 30 décembre 1943 :
Le concours apporté aux opérations décidées par les autorités allemandes par Maurice PAPON et par le Service des Questions Juives placé sous ses ordres ressort encore de l'instruction:
- les listes utilisées par la SIPO pour procéder aux arrestations massives de Juifs ne pouvaient avoir été établies qu'à partir des renseignements communiqués par le Service des Questions Juives,
- parmi les personnes déportées on relève 6 mineurs qui bien qu'autorisés à quitter BORDEAUX par les autorités allemandes ont été arrêtés puis séquestrés au Camp de MERIGNAC sans qu'aucune démarche spécifique n'a été faite pendant les neuf jours ayant séparé leur arrestation de leur déportation, alors que le Service des Questions Juives n'ignorait pas qu'ils figuraient sur la liste établie par le Directeur du Camp de MERIGNAC le 23 DECEMBRE 1943. Pourtant à la même période le Préfet Régional fait état dans ses observations adressées à la délégation régionale du Commissariat aux questions juives le 27 décembre 1943 d'un certain nombre de personnes "ayant du par la suite être libérées du camp d'internement de MERIGNAC" à la suite "d'arrestations inutiles".
8 - les arrestations du 10 janvier et le convoi du 12 janvier 1944 :
Maurice PAPON et le Service des Questions Juives placé sous son autorité ont concouru aux opérations menées à l'instigation des autorités allemandes contre les Juifs :
- Maurice PAPON a participé étroitement avec les autres membres de l'administration préfectorale aux négociations avec les chefs de la SIPO qui ont précédé les arrestations de tous les Juifs par la police Française et aux démarches tentées auprès du gouvernement de VICHY.
- compte-tenu de la forme de la demande des autorités allemandes qui visait " tous les juifs", les listes de personnes à arrêter n'ont pu être établies que par le Service des Questions Juives à partir des renseignements dont il disposait comme ce fut le cas pour l'arrestation des Juifs grecs en NOVEMBRE 1942.
- Le Service des Questions Juives sous la direction de Jacques DUBARRY a assuré la logistique de la rafle.
- dans la journée du 11, Jacques DUBARRY a participé en compagnie de l'inspecteur DEHAN de la SEC et de MAYER de la SIPO à un contrôle des arrestations qui a amené la libération immédiate de 15 personnes. Il a entrepris des tractations afin d'obtenir le maintien à MERIGNAC de personnes appartenant à certaines catégories,
- Maurice PAPON a rédigé le 12 JANVIER 1944 des instructions écrites demandant à Jacques DUBARRY d'entreprendre des interventions "intuitu personnae pour faire libérer les Juifs intéressants" au nom de Maurice SABATIER et de lui rendre compte dès que possible des résultats pour qu'il "puisse faire appel le cas échéant auprès de Monsieur NAHRICH", ce qui établit qu'il avait des rapports privilégiés avec cet officier, aucune intervention spécifique n'étant faite en faveur des mineurs de 15 ans notamment les 5 enfants de la famille TORRES dont Jacques DUBARRY n'a pu manquer de signaler la présence à Maurice PAPON,
il en sera de même dans les rapports du 13 JANVIER et du 3 FEVRIER 1944 signés par Maurice PAPON.
- le 12 JANVIER 1944 Maurice PAPON a confirmé par écrit la demande de mise à la disposition du Commissariat Central de deux cars de voyageurs pour assurer le transport des personnes arrêtées de la Synagogue à la Gare Saint Jean,
9 - LE CONVOI DU 13 MAI 1944
Le concours apporté par Maurice PAPON et le Service des Questions Juives placé sous son autorité à l'opération de déportation de Juifs décidée par les autorités allemandes pour le 13 MAI 1944 a consisté dans les instructions qu'il a données à Jacques DUBARRY d'effectuer toutes diligences en vue du recensement des Juifs hospitalisés pour la constitution des listes requises par les Allemands. Il était hautement prévisible que le recensement demandé par les autorités allemandes serait le prélude à une nouvelle mesure de déportation.
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