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Dès la fin 1940, la Fédération protestante, avec son président, le pasteur Boegner, avait stigmatisé la politique antisémite de Vichy
La Fédération protestante de France (FPF) avait très rapidement dénoncé la loi du 3 octobre 1940, instaurant un statut des juifs.
Dans sa réponse à la " déclaration de repentance " de l'Eglise catholique au Mémorial de Drancy, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Henri Hajdenberg, a évoqué le pasteur Boegner, alors président de la FPF, " qui s'est élevé contre les persécutions antisémites, ainsi que nombre de protestants ".
Comme en attestent les documents de l'époque, le pasteur Marc Boegner, qui avait pourtant accueilli plutôt favorablement l'arrivée au pouvoir du maréchal Pétain, n'a eu de cesse tout au long de la guerre de protester auprès des autorités de Vichy contre les " injustices " infligées aux juifs.
Démarches orales d'abord fin 1940, puis écrites, sous la pression du conseil de la Fédération, mais qui restèrent d'abord confidentielles. Beaucoup pensaient alors que Pétain " ne voulait pas cela ".
Les choses changent en mars 1941, alors que Vichy crée un commissariat aux affaires juives.
Le pasteur Boegner, mandaté par la fédération, écrit une lettre à l'amiral Darlan, vice-président du conseil, pour dire l'émotion des protestants devant " une loi qui introduit dans notre législation le principe raciste et dont la rigoureuse application entraîne, pour les Français israélites, de cruelles épreuves et de poignantes injustices ".
Le même jour, dans une lettre au grand rabbin de France, Isaïe Schwartz, il souligne que l'Eglise protestante, " qui a connu jadis toutes les souffrances de la persécution, ressent une ardente sympathie pour vos communautés ". L'hebdomadaire collaborationniste " le Pilori ", qui le publie pour s'en indigner, se fait le propagandiste bien involontaire de ce texte qui, reproduit et diffusé par des mains anonymes, sera " le premier signe visible de l'indignation de la conscience chrétienne contre les lois racistes ", comme le souligna le pasteur Boegner en 1945.
Les interventions se multiplient avec l'intensification des persécutions. Le 4 octobre 1942, après les premières rafles, les pasteurs réformés lisent en chaire un message de leur conseil national : " La loi divine n'admet pas que des familles voulues par Dieu soient brisées, des enfants séparés des mères, le droit d'asile et sa pitié méconnus, le respect de la personne humaine transgressé et des êtres sans défense livrés à un sort tragique. "
Mais beaucoup de protestants n'ont pas attendu les rafles pour agir. En septembre 1941, le pasteur George Cazalis, Madeleine Barrot, fondatrice de la Cimade, Suzanne de Dietrich et d'autres publient les " Thèses de Pomeyrol ", où ils élèvent " une protestation solennelle contre tout statut rejetant les juifs hors des communautés humaines ", et considèrent " comme une nécessité spirituelle la résistance à une instance totalitaire et idolâtre ".
La Cimade, créée en 1939 pour venir en aide aux réfugiés, s'est alors transformée en mouvement d'aide aux juifs pourchassés. Symbole de l'engagement moral des protestants contre les persécutions anti- juives, le village du Chambon- sur-Lignon (Haute-Loire) recueillait alors des centaines d'enfants juifs.
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