Vu par la presse Européenne - 29/10/1997

Le "Petit Bouquet" journal électronique d'expression francophone (www.le-petit-bouquet.com) a livré a ses lecteurs un intéressant tour d'horizon des commentaires de la presse Européenne à propos du procès de Bordeaux. Ce qu'on en dit.

Voilà bien un procès " hors du commun ", estime sans surprise le Frankfurter Rundschau, puisque " les faits reprochés à Maurice Papon (...) sont vieux d'un demi-siècle. Il n'y a plus de témoins, ni à charge ni à décharge. Pour l'instruction, la cour doit donc s'appuyer sur des documents et des historiens ". Mais attention, poursuit le journal de Francfort : ce procès " ne met pas en accusation la France ni le régime de Vichy mais un homme qui, en tant que secrétaire à la préfecture de Bordeaux, a exécuté des ordres inhumains pour ensuite faire carrière dans le gaullisme et accéder finalement au poste de ministre ".
Pour l'Espresso, voilà " avant tout " l'occasion de se pencher sur l'un " des nombreux épisodes de lâcheté qui ont marqué la vie de notre continent, entre 1939 et 1945 " et celle de réfléchir sur le devoir d'obéissance des fonctionnaires. " Il faut tenir compte du fait que le régime de Vichy était issu du vote de l'Assemblée nationale qui, à une grande majorité, avait élu à la tête de l'État le maréchal Pétain. Les choses étant ainsi, reste à savoir jusqu'à quel point Papon devait lui obéir. La réponse qui semble s'imposer, écrit A. Gambino, est qu'un tel devoir n'existe plus face à une autorité ouvertement illicite. Et même, dans de telles circonstance, le droit-devoir serait de désobéir ".
Pour le Corriere della Sera, si le procès est l'occasion, pour l'Hexagone, de penser ses " blessures " (" On ne peut donc que se féliciter qu'il ait lieu ", juge le quotidien milanais), il ne sert toutefois pas à " condamner un homme dont la responsabilité majeure n'est pas son comportement durant la période de Vichy, mais le barbare assassinat de 200 Algériens, les 17 octobre 1961, à Paris ".
Paradoxalement, on attendait Vichy " et " on a eu l'Algérie ", renchérit Le Nouveau Quotidien, " comme si, à son corps défendant, le vieillard sans états d'âme qui comparaît librement devant ses juges devait jouer le rôle de révélateur. Comme s'il fallait que les pages les plus sombres et les plus ignorées de l'Histoire de France soient relues à la faveur de la brèche ouverte par ce procès ". C'est que Maurice Papon est " le fil rouge " qui relie les événements de 1942 à ceux de 1961 et permet de mettre en lumière les responsabilités politiques durant ces deux sombres périodes. " l'extraordinaire coïncidence qui veut qu'un homme accusé d'avoir envoyé les Juifs à la mort en 1942 soit, au moins indirectement, responsable des 200 Algériens " noyés par balles " du 17 octobre 1961, est lourde de sens ".


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