La peine de 20 ans de réclusion a été diversement accueillie par les avocats et les familles des victimes
Annie LARRANETA
Quand, après avoir établi, in fine, la complicité d'assassinat, Henri Desclaux eut demandé " 20 ans de réclusion et la privation des droits civiques ", avocats et parties civiles ne cachèrent pas, pour la plupart, leur mauvaise surprise, parfois avec une grande vigueur même si certains, devant les caméras et la forêt de micros tendus, se montrèrent moins nuancés qu'on ne pouvait l'attendre. En confidence, certains reconnaissaient, en effet, que la culpabilité de l'accusé leur semblait, en fait, essentielle.
Me Alain Jakubowicz (Consistoire central et Union des communautés juives de France) : On a banalisé, on a tué aujourd'hui le crime contre l'humanité ! Comment pourra-t-on après ça requérir contre un assassin la réclusion criminelle à perpétuité ? On a une seule chance, c'est que le peuple français soit plus fort que l'Etat et qu'il rétablisse l'Etat de droit. Après le réquisitoire ferme, la peine n'est pas à la hauteur. C'est comme si l'on était dans une affaire de droit commun pour un cambriolage ou un crime passionnel.... "
Me Alain Lévy (FNDIRP) : " Il y a une contradiction complète avec les termes implacables du réquisitoire sur la séquestration, la déportation, la connaissance et pour tout cela il ne faudrait retenir que 20 ans ? Je m'en remets au jury populaire. "
Me Michel Zaoui (Association indépendante nationale des anciens déportés juifs et leurs familles, Association des anciens déportés juifs de France etc...) : " On avait demandé une décision cohérente et l'aboutissement du raisonnement ne correspond pas aux prémices affirmés. On poursuit et on n'assume pas la poursuite jusqu'à son terme. Le Ministère public a toujours été à la remorque des parties civiles. "
Me Gérard Boulanger (partie civile pour plusieurs familles de victimes) : " C'est un attentat contre la logique. Il y a quelque chose qui heurte et pourtant nous ne sommes pas des acharnés de la répression... L'Etat a fait le dernier faux-pas pour juger le crime d'Etat. "
Me Raymond Blet (ANACR) : " Je ne suis pas choqué, je m'attendais à ça. J'aurais été choqué si le Procureur avait demandé 20 ans en s'appuyant sur des circonstances atténuantes. Il n'y a pas eu de faiblesse dans le réquisitoire, il replace simplement l'accusé dans la chaîne des responsabilités.
Me Jean-Marc Varaut, avocat de Maurice Papon : " On vient d'entendre un réquisitoire talentueux pour établir la responsabilité d'un crime de droit commun sur des hypothèses. La complicité d'assassinat ne tient pas. Le Procureur a admis avec loyauté que l'accusé ne connaissait pas la solution finale et la solution finale c'est le plan concerté. En proposant une sortie de prison à 107 ans, en fait, on demande une condamnation à mort ! Mais le socle juridique est inexistant ! "
Michel Slitinsky. " Nous ne serons pas satisfaits de la peine prononcée tant qu'il n'ira pas en prison. Il n'en a fait que trois jours. Mais je suis confiant et je pense que les jurés confirmeront. "
Maurice-David Matisson. " Où est l'équilibre ? On demande 20 ans pour la mort de 220 gosses et on condamne à perpétuité un infanticide ! Je ne veux pas critiquer la justice républicaine mais le procès n'est pas fini et les jurés ont encore leur mot à dire. "
Copyright Sud Ouest. Pour tout usage lié à la reproduction de nos articles, merci de prendre contact avec Sud Ouest : doc@sudouest.com Tel : 05 56 00 35 84.
Copyright Sud Ouest 2006 - contact@sudouest.com