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Pendant dix jours la salle d'audience sera vide. (Crédit A.F.P.)

Suspendu jusqu'au 27 novembre - 17/11/1997

Le procès est suspendu jusqu'au jeudi 27 novembre en raison de l'hospitalisation de l'accusé. Les parties civiles sont déçues et désorientées.

Compte rendu d'audience Bernadette DUBOURG

Lundi 17 novembre. Vingt quatrième jour d'audience. L'histoire se répète. Maurice Papon est une nouvelle fois absent de l'audience. Il est hospitalisé depuis le matin à Haut-Lévêque.
Avec une certaine lassitude dans la voix, le président Jean-Louis Castagnède donne connaissance du certificat médical adressé vers midi par le professeur Alain Choussat : " l'état de santé de Maurice Papon s'est aggravé en pleuro-pneumopathie qui nécessite une nouvelle hospitalisation afin que des soins lui soient dispensés sous surveillance ". Le professeur Choussat prescrit une dizaine de jours d'hospitalisation, " sauf complications ".
Le procureur général Henri Desclaux qui regrette ce nouveau contre-temps alors que " les faits allaient enfin être abordées et les parties civiles entendues ", souhaite une contre-expertise afin de " déterminer l'évolution de cette maladie, la période d'hospitalisation et la date certaine à laquelle les débats pourront reprendre ".

Deux parties civiles

" Encore une fois, nous sommes obligés de constater la situation, je le dis avec beaucoup de tristesse " exprime Me Gérard Boulanger au nom des parties civiles.
L'avocat souhaite cependant faire deux observations sur la " tactique de défense " de l'accusé et les " critiques " adressées ces jours derniers aux avocats des parties civiles : " M. Papon est victime de sa propre tactique de défense. Les faits sont tout à fait gravissimes, il n'a pas intérêt à ce qu'ils soient évoqués rapidement d'où la volonté d'entendre un maximum de témoins et l'impression que le procès piétine. D'autre part, nous avons été placés dans une situation extraordinairement difficile, soit nous ne disions rien et on nous le reprochait, soit nous prenions la parole et on nous le reprochait aussi, cela n'a pas manqué ".
Il a également une requête à formuler. Il souhaite que, pour la première fois depuis six semaines de procès, la cour entende deux parties civiles. Jacky Alisvaks et sa soeur Eliane Dommange approchent de la barre. Ils avaient 4 et 8 ans lorsqu'ils ont été raflés à Bordeaux, dans la nuit du 15 au 16 juillet 1942, avec leur frère aîné, âgé de 10 ans, et leurs parents. Les enfants ont été sauvés mais les parents ont été déportés dans le premier convoi du 18 juillet 1942 et sont morts à Auschwitz avec six autres membres de leur famille.
" Encore une fois notre indignation est grande. Chaque fois que Maurice Papon se retrouve face à ses responsabilités, il est malade. Nous avons besoin de nous exprimer, il y a 55 ans que nous attendons ce moment et nous le voyons de jour en jour reculer. Il y a parmi nous des gens malades, d'autres viennent de loin, nous assistons à un débat décousu " dit simplement Jacky Alisvaks qui demande à ce que soit diffusé chaque jour un bulletin de santé de Maurice Papon.
Eliane Dommange retient un sanglot avant d'ajouter : " Maurice Papon a pris la vie de nos parents et nous retire aujourd'hui le droit de parler, pour nous c'est intolérable, nous avons besoin de lui dire ce que nous avons vécu pendant 55 ans ".

Contre-expertise

" Comment ne pas penser avec les parties civiles que le procès est une commémoration " convient Me Varaut qui réfute la moindre " tactique de la défense " et insiste sur " la volonté de Maurice Papon d'affronter le procès jusqu'à son terme " : " Maurice Papon ne se dérobe pas, il a toujours assuré des fonctions à risques, ce n'est pas un homme qui démissionne, qui déserte ".
Il sollicite cependant une suspension d'audience de deux semaines : " C'est un minimum de convalescence pour reposer son organisme fatigué ".
Au terme d'une suspension d'un quart d'heure, la cour ordonne une expertise médicale qu'elle confie de nouveau au professeur René Pariente de l'hôpital Beaujon à Paris. Cet expert qui a déjà examiné l'accusé il y a trois semaines, lors de sa précédente hospitalisation d'une semaine, doit " décrire l'affection dont souffre Maurice Papon, indiquer son évolution prévisible et fixer une date où son état de santé lui permettra à nouveau de comparaitre devant la cour d'assises ". Il devra rendre son rapport au plus tard le mercredi 26 novembre.
Avant de suspendre l'audience pour dix jours, le président appelle Mme Hippolyte, ce témoin qui n'avait déjà pu être entendue vendredi dernier et qui reviendra une troisième fois à la reprise du procès.
La prochaine audience est fixée au jeudi 27 novembre à 13 h 30.


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