Reprise du procès le 4 décembre, en principe - 27/11/1997

Sauf complications, Maurice Papon pourrait être en état de comparaître le jeudi 4 décembre

Compte rendu d'audience Bernadette DUBOURG

Jeudi 27 novembre. Vingt-cinquième audience. Les dix-huit jurés (9 titulaires et 9 suppléants) sont tous à leur place. " Ils ont conscience du caractère et de l'enjeu exceptionnels de ce procès " se félicite Me Michel Zaoui à l'issue de cette audience d'une dizaine de minutes.
Les trois avocats de la défense sont debout devant un box vide. Une douzaine d'avocats des parties civiles ont également rejoint leur banc alors que dans la salle d'audience, seules les parties civiles et quelques amis sont présents.
Le président Jean-Louis Castagnède, apparemment détendu, donne connaissance des conclusions du professeur René Pariente, chef du service de pneumologie et réanimation à l'hôpital Beaujon à Paris et expert près de la cour de cassation, qui a pour la deuxième fois depuis le début de son procès, examiné Maurice Papon à l'hôpital Haut-Lévêque où il est de nouveau soigné depuis une semaine et demi pour une pneumopathie.

Le rapport

En fait, le président indique que le professeur Pariente a déposé deux pré-rapports les 20 et 25 novembre au greffe de la cour d'assises et lui a fait parvenir en fin de matinée par télécopie un rapport définitif dont il lit les conclusions :
" 1) Nous avons examiné le dossier de Monsieur Papon et nous avons examiné le patient.
2) En l'état actuel du dossier, nous pouvons dire :
1. Que le patient ne peut pas reprendre le 27/11/97 la procédure.
2. Qu'il souffre d'une pneumopathie récidivante de la pyramide basale gauche avec cette fois-ci un petit foyer du segment dorsal du lobe supérieur droit. Cette pneumopathie récidivante est favorisée par une dystrophie bronchique préalable post-primaire et on peut être rassuré sur l'absence de toute tumeur maligne.
3) A l'heure actuelle, l'état de santé de Monsieur Maurice Papon lui permettra de comparaître à nouveau le jeudi 4 décembre 1997, sauf complications ".
" Nous sommes heureux de constater qu'il n'y a pas de tumeur maligne " intervient Me Jean-Marc Varaut, tout juste arrivé de Paris, qui s'interroge sur " le bien fondé d'une reprise le 4 décembre ". " Maurice Papon ira du lit d'hôpital au box de la cour d'assises sans temps de repos alors qu'il a perdu 6 kilos (au début du procès, il pesait 68 kilos pour 1,75 m) et se trouve dans un état certain de fatigue " plaide l'avocat qui souhaiterait que Maurice Papon " dispose de quatre jours de convalescence " qu'il passerait dans la propriété qu'il loue près de Bordeaux pour " retrouver une santé physique et psychologique ".

"Toutes ses capacités"

" Quelles que soient les difficultés et les aménagements nécessaires, il importe que cette procédure aille à son terme avec un accusé qui dispose de toutes ses capacités " convient le procureur général Henri Desclaux qui relève cependant que " l'expert a statué sur des questions précises en prenant en compte toutes les considérations médicales " et requiert donc la reprise de l'audience le 4 décembre.
" les parties civiles ont le souci que l'audience reprenne le plus vite possible et que Maurice Papon puisse y participer en homme capable de s'expliquer " ajoute Me Gérard Boulanger, alors que Me Arno Klarsfeld lance, ironique, à Me Varaut : " Maurice Papon doit reconnaître que la liberté n'est pas la meilleure thérapeutique ". " Le désir de l'accusé est de comparaître le plus vite possible " réplique Me Varaut.
" En son honneur et sa conscience ", le président décide d'entériner les conclusions de l'expert et de reprendre le procès le 4 décembre. Ce jour-là, la cour devrait entendre le témoin Mme Hyppolite, ancienne employée au service des questions juives de la préfecture, et rendre ses deux arrêts sur l'audition de l'historien bordelais Michel Berges et la saisie de nouvelles archives.
La prochaine audience aura lieu le jeudi 4 décembre à 13 h 30.

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