Pour cause de décès - 26/03/1998

Les obsèques de l'épouse de Maurice Papon doivent se dérouler ce vendredi à Gretz-Armainvilliers. La reprise des débats reste prévue pour lundi

Bernadette DUBOURG

Selon le voeu de la famille, les obsèques de Paulette Papon, décédée dans la nuit de mardi à mercredi, devraient se dérouler cet après-midi à Gretz-Armainvilliers (Seine et Marne) dans la plus stricte intimité familiale.
Maurice Papon qui a rejoint son domicile, sitôt après avoir appris le décès de son épouse - ils étaient mariés depuis 66 ans - devrait regagner Bordeaux lundi matin, accompagné de ses enfants, pour la fin de son procès devant les assises de la Gironde.
Il l'a assuré, dès mercredi matin, à son avocat Me Jean-Marc Varaut qui en a fait part, l'après-midi même, à la reprise de la 91ème audience. La cour a ainsi suspendu l'audience jusqu'à lundi, 14 heures.

Acquittement plaidé

Si le procès reprend donc bien lundi, Me Jean-Marc Varaut poursuivra durant deux jours et sûrement aussi mercredi matin sa plaidoirie entamée mardi dernier. Il avait déjà abordé " l'absence de plan concerté entre la France et l'Allemagne ". Lundi, il devrait " résumer " cette première partie de sa plaidoirie avant d'examiner convoi par convoi la responsabilité de Maurice Papon. Mardi, il s'attachera surtout à la notion du crime contre l'humanité. Dans l'espoir d'obtenir l'acquittement de Maurice Papon, il tentera de convaincre les jurés que l'ancien secrétaire général de Bordeaux sous l'Occupation a agi " sous la contrainte " et qu'il n'avait " pas connaissance de la solution finale ".
Contrairement à sa première intention, Maurice Papon ne devrait s'exprimer en fin de procès, c'est à dire mercredi matin, que " brièvement ". " Il est désormais au delà de ces choses " confiait hier matin Me Varaut avant de quitter Bordeaux.
Alors même que dès mercredi, chacun s'interrogeait sur l'impact que pourrait avoir le décès de Mme Papon sur les jurés, Me Varaut assurait quant à lui qu'il ne l'évoquerait pas au cours de sa plaidoirie. Pour l'instant, la première conséquence pour les membres du jury de ce nouveau contretemps concerne leur emploi du temps. A deux jours du verdict, ces hommes et ces femmes qui ont fait preuve durant cinq mois et demi d'un sérieux et d'une vigilance auxquels avocats et parquet général ont déjà rendu hommage, avaient sans doute envisagé de se réinsérer dans leur vie professionnelle et privée mais il leur faut attendre, au moins, une semaine de plus.

Libre

Si le procès s'achève bien mercredi, avec un verdict attendu dans la nuit de mercredi à jeudi, il aura duré près de six mois. Soit trois fois plus longtemps que les deux précédents procès de " crimes contre l'humanité " qui, à Lyon pour Klaus Barbie et à Versailles pour Paul Touvier, avaient duré moins de deux mois.
Jeudi matin, quelle que soit la décision de la cour d'assises, Maurice Papon quittera libre le palais de justice de Bordeaux. La cour d'assises l'a, en effet, remis en liberté le 10 octobre dernier, au troisième jour du procès, et si elle prononce un verdict de condamnation, elle n'a pas le pouvoir de délivrer un mandat de dépôt à l'audience. Dans l'hypothèse d'une condamnation, Maurice Papon resterait au moins libre jusqu'à l'examen de son pourvoi en cassation. Et encore, à ce nouveau stade de la procédure, pourrait-il demander une dispense à la juridiction qui l'a condamné.
Même si les obsèques de Mme Papon se déroulent dans l'intimité, chacun cherchera à voir sur le visage de Maurice Papon, les traces d'une fatigue ou d'une émotion, de nature à compromettre, lundi, son retour à Bordeaux.


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