Je m'inscris absolument en faux contre les déclarations prononcées depuis 1995 par les plus hautes autorités françaises et qui imputent à la France, donc à tous les Français, la responsabilité des crimes de Vichy " a déclaré jeudi Pierre Messmer, lors de son audition devant la cour d'assises où il était cité à la demande de Maurice Papon.
" Cette thèse est contestable, mais surtout moralement inacceptable pour l'immense majorité des Français qui n'ont pas été coupables, ni responsables. Ces déclarations sont intolérables pour les hommes et les femmes qui étaient entrés dans la France libre ou la résistance ".
" Nous avons trouvé des fonctionnaires et des militaires de Vichy qui nous barraient la route quand nous voulions continuer le combat contre l'Allemagne hitlérienne et l'Italie mussolinienne, se souvient-il. Ce fut le cas à Dakar, à Libreville et en Syrie en 41 dans une campagne qui a été très sanglante ".
Avec une certaine émotion, il poursuit : " Lorsque la mort m'a épargné pendant la guerre et alors que la mort s'approche de moi, sans rien oublier, il me semble, 55 ans ou 56 ans après les évènements, que le temps est venu où les Français pourraient cesser de se haïr et commencer de se pardonner ".
Plus tard, il ajoute : " En un temps où les excuses et les pardons sont beaucoup demandés et beaucoup offerts, le jury d'honneur (plusieurs résistants réunis en 1981 à la demande de Maurice Papon) était inspiré par ce souci du pardon ".
" Mais je voudrais aussi dire, conclut-il, quel que soit le respect que nous devons à toutes les victimes de la guerre et particulièrement aux victimes innocentes, que je respecte plus encore ceux et celles qui sont morts debout les armes à la main, car c'est à eux que nous devons notre libération ".
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