L'air grave, Maurice Papon et son avocat s'approchent des voitures de police (Crédit pool Sud Ouest JJ Saubi, Daniel, M. Lacroix, T. David, Ph. Taris)
Maurice Papon a protesté mardi dans un communiqué contre son procès d'assises en le qualifiant de " mascarade indigne d'un Etat de droit ". C'est l'un de ses avocats, Jean-Marc Varaut, qui a rendu public le communiqué remis par son client " au moment de son départ pour Bordeaux pour y être incarcéré selon l'archaïque procédure de la mise en état ". En voici le texte intégral : " Sous l'effet d'un procès préfabriqué où la sentence d'un jury d'honneur composé d'authentiques résistants et les conclusions d'experts historiques compétents et impartiaux sont méprisées, où les jeux jusqu'ici ont été faits d'avance et sans appel, où la réalité de l'époque a été travestie et falsifiée par la chambre d'accusation de Bordeaux - après que la Chancellerie ait donné ordre d'évincer un magistrat préparant en conscience des conclusions de non lieu - et où le droit est sacrifié par la Cour de Cassation selon les commentaires les plus autorisés, il n'est plus de garantie pour le citoyen ni d'honneur pour la Nation. Tel qui fut révoqué à la Libération est aujourd'hui présenté comme un héros. Tel promu à la Libération par le Général de Gaulle devient un collaborateur cinquante ans après. Cette poursuite est une mascarade indigne d'un Etat de droit. Comme on ne peut rien contre les déferlantes médiatiques du fanatisme, de la persécution et de la haine, il faut en appeler à la France profonde, de manière que le jury populaire désormais saisi puisse juger dans l'indépendance et avec impartialité. Là réside le dernier espoir. Quant au Pouvoir, un demi-siècle après la barbarie nazie, il lui faut obtenir condamnation coûte que coûte, pour illustrer et confirmer les déclarations officielles proférées sur +une France coupable+. L'inépuisable compassion que suscite le génocide hitlérien, ne justifie pas un culte de la pensée unique qu'on pratique aujourd'hui avec une ardeur totalitaire. L'intérêt public commande de résister, comme autrefois. Ce procès n'est pas fini: il commence dans sa vraie dimension. L'histoire le condamne déjà. Il ne pourra qu'accuser devant l'étranger l'humiliation infligée à la France ".
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