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Devant des dizaines d'objectifs et de caméras, Maurice Papon a quitté la gare de Bordeaux pour la maison d'arrêt de Gradigan (Crédit pool Sud Ouest JJ Saubi, Daniel, M. Lacroix, Ph. Taris, T. David)

Maurice Papon a été écroué - 07/10/1997

Maurice Papon dont le procès s'ouvre cet après-midi, est arrivé hier à Bordeaux et a passé sa première nuit à la prison de Gradignan

Bernadette DUBOURG

Maurice Papon est arrivé à Bordeaux mardi après-midi vers 17 heures, en TGV de Paris. Deux de ses avocats, Me Francis Vuillemin et le bâtonnier Marcel Rouxel, l'attendaient sur le quai de la gare Saint-Jean, en présence de plusieurs policiers du GIPN et de très nombreux journalistes.
Maurice Papon qui avait quitté sa maison de Gretz-Armainvilliers, en fin de matinée, a voyagé dans un petit salon, en bout de rame, à l'abri des regards indiscrets. Il était accompagné de son troisième avocat Me Jean-Marc Varaut et placé sous bonne escorte de policiers du Raid.
Me Jean-Marc Varaut est descendu le premier du train, suivi d'un policier puis de Maurice Papon, vêtu d'un pantalon de flanelle gris, d'une chemise claire, cravatte foncée et d'une veste matelassée vert foncé.
Maurice Papon, agé de 87 ans et qui souffre de difficultés auditives, est apparu encore alerte, relativement calme, le visage presque impassible, échangeant juste deux mots avec ses avocats. Marchant très droit, il a lentement remonté le quai de la gare, puis emprunté le couloir vers la sortie, dans une cohue indescriptible.

Première nuit en prison

Le petit groupe est sorti par la porte principale de la gare et Maurice Papon s'est engouffré dans une voiture de police. Le cortège de quatre voitures de police a cependant attendu quelques instants avant de s'ébranler, gyrophare en action, vers la maison d'arrêt de Gradignan, à une quinzaine de kilomètres, où il est arrivé quelques minutes plus tard.
Maurice Papon a été accueilli sous les huées et les insultes des autres détenus.
Maurice Papon qui avait été placé sous contrôle judiciaire au début du mois d'août, s'est constitué prisonnier, comme le veut la loi à la veille d'une comparution devant la cour d'assises. Il a ainsi passé hier soir sa première nuit en prison, dans une cellule ordinaire.
Cet après-midi, dès l'ouverture de son procès devant la cour d'assises de la Gironde où il doit être jugé pour " crimes contre l'humanité " (lire ci-dessous), et avant même le tirage au sort des jurés, Me Jean-Marc Varaut plaidera sa remise en liberté. A l'appui de sa demande, il fournira aux trois magistrats de la cour d'assises plusieurs certificats médicaux établis par les chirurgiens et médecins qui ont opéré et suivent Maurice Papon depuis son pontage coronarien, l'an dernier.
Le président Jean-Louis Castagnède pourrait, à son tour, ordonner une expertise médicale afin de savoir si la détention est compatible ou non avec son état de santé.

Demande de mise en liberté

Si la cour d'assises décidait de remettre Maurice Papon en liberté, celui-ci logerait au Saint-James à Bouliac dans la banlieue bordelaise, l'hôtel sophistiqué cosigné par l'architecte Jean Nouvel et le chef Jean-Marie Amat, où sont descendus ses deux avocats parisiens. Dans l'hypothèse d'une condamnation, Maurice Papon resterait en liberté jusqu'à l'examen de son pourvoi en cassation.
Si, par contre, la cour décidait de le maintenir en détention, un compromis n'est pas à exclure. Maurice Papon pourrait, en effet, être " détenu " à l'hôpital Saint- André, tout à côté du palais de justice, où il bénéficierait ainsi d'une surveillance médicale appropriée.
" Il est abattu, tétanisé, il considère qu'il est condamné d'avance. Seuls, ses avocats ont confiance " confiait mardi son avocat Me Vuillemin, alors que Maurice Papon aurait avoué la veille au bâtonnier Rouxel : " Je suis triste ".
" Il a du quitter la maison où il est né et a vécu, quitter sa femme qui ne peut quasiment plus bouger, partir avec sa petite valise en sachant qu'il ne reviendra pas. Il est plus facile d'être arrêté que de se constituer prisonnier. C'est un homme qui n'a jamais cru à tout ça et qui va connaitre la prison, la haine sans possibilité de se défendre. Le vieillard traqué, quel rapport a-t-il avec le jeune homme fringant de 31 ans. Tout ça me semble une aberration. Nous sommes aux antipodes d'un procès équitable " a ajouté Me Rouxel, " Le fond de ma pensée est que ce procès est une mauvaise action politique nationale. La justice, en voulant sortir de son rôle, commet une erreur. Il n'appartient jamais à la justice de juger l'Histoire. Par contre, il arrive souvent que l'Histoire juge les juges ".


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