Les premiers aveux - 19/12/1997

Avec l'examen approfondi et minutieux de la première rafle et du premier convoi de juillet 1942 qui a emporté 171 juifs vers la mort, le procès de Maurice Papon a surement connu, cette semaine, un tournant important.

Bernadette DUBOURG

Au fil des audiences, confronté à des documents accablants dont certains portent sa signature, pressé de questions par un président méticuleux, un avocat (ou procureur) général tenace et des avocats (parties civiles) pugnaces et vigilants, Maurice Papon a lâché quelques aveux sur lesquels il lui est difficile de revenir. Déjà, pour persuader la cour que son rôle à la préfecture de la Gironde avait consisté à sauver les juifs qui devaient être arrêtés par les Allemands, Maurice Papon avait confessé que " les déportés allaient vers un sort cruel ". " La seule connaissance du sort cruel est constitutif du crime contre l'humanité " s'était alors écrié Me Alain Lévy, partie civile pour la FNDIRP.
La semaine dernière, Maurice Papon avait aussi admis avoir eu connaissance de " la déportation " des juifs, dès le retour de Maurice Sabatier de la conférence des préfets, le 6 juillet 1942 à Paris. Soit dix jours avant la première rafle du 16 juillet.
Jeudi, alors que l'accusé était, de nouveau, en difficulté sur le cas de la petite Nicole Grunberg, " arrachée des bras de sa mère " le 4 juin 1942, Maurice Papon a assuré : " Si on laissait les enfants avec les parents, c'était l'anéantissement ". " C'est un aveu capital " a de nouveau bondi Me Lévy.
Quelques instants plus tard, pressé de questions par Me Michel Zaoui (partie civile pour plusieurs associations de déportés), Maurice Papon a alors lâché : " On savait que Drancy était un camp de transit vers la déportation. Leur départ dans un camp de concentration était une chose évidente. On avait déjà entendu parler à satiété des camps de concentration depuis que les nazis étaient au pouvoir ".
Fatigué, comme souvent en fin d'audience, Maurice Papon s'est vite rendu compte de la gravité de cet aveu et a tenté de faire machine arrière : " Ce n'est pas en juin ou en juillet mais en août que j'ai su... ". Me Varaut a également essayé de rectifier le tir : " Il y a une différence entre camp de concentration et camp d'extermination ".
Mais les paroles de Maurice Papon étaient déjà gravées dans les mémoires. Au fil des audiences, la défense de Maurice Papon se fissure, ses arguments vacillent. " Nous apprenons au fur et à mesure du procès que vous saviez ! " lui a simplement fait remarquer Me Zaoui.


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