Tous les jours, six personnes participent à l'enregistrement "pour l'histoire" des audiences du procès
Annie LARRANETA
" Passe sur la 3 et recentre sur la cour... Je reviens sur la défense sur la 2, Me Klarsfeld sur la 3... " Philippe Labrune, réalisateur à Maximum Video (1), dialogue en permanence avec le technicien rivé à son écran tactile. Pas le temps d'avaler une gorgée d'eau. Ils travaillent " pour l'histoire " dans une petite salle étroite du Palais de Justice.
Ils sont six à travailler, réellement au coude à coude, à une oeuvre de mémoire : l'enregistrement des débats du procès de Maurice Papon et la retransmission simultanée dans la salle vidéo. Chacun a un rôle bien défini. Laurent Buschmeyer est second réalisateur et assistant, Nathalie Rousseau enregistre minute par minute le nom de ceux qui prennent la parole et note s'il s'agit d'un interrogatoire, d'une réponse, d'une observation. Pour lui souffler la nature des interventions consignées sur le PV, un magistrat ou un fonctionnaire du greffe (ils sont trois ou quatre à tourner) se tient en permanence à ses côtés.
Il est là aussi pour contrôler le respect du cahier des charges, très strict, ce que regrette parfois le public qui se trouve, lui, dans la salle vidéo et aimerait, de temps en temps, lire sur le visage de certains, l'effet des propos de quelques autres. La règle est inviolable, on ne peut filmer que les personnes qui parlent. Quand les échanges se font vifs, la tension est plus forte, il faut jouer, comme au ping-pong, avec les quatre cameras installées dans la salle d'audience, montées sur des tourelles motorisées et pilotées depuis la régie.
Quatre écrans permettent en permanence au réalisateur de voir quelle est la camera qu'il doit privilégier et l'image qui va être gardée. Il faut une belle vigilance puisqu'il doit souvent anticiper pour ne pas manquer les premières images de ceux qui vont parler. Seuls quelques moments de répit lui sont accordés quand, visiblement, le président Jean-Louis Castagnède va garder quelque temps la parole, quand un témoin vient faire sa déposition... Le reste du temps tout le monde est à l'affût. Luc Ricateau surveille le son devant un immense pupitre, le second réalisateur bondit à une petite sonnerie pour changer les cassettes ou incruste le nom des avocats qui prennent la parole...
Hier, M. Bernard Lataste, président de Chambre, à la retraite, était à son poste. " Un poste privilégié pour une observation attentive des images du procès. Ici, le magistrat est un auditeur de tous les propos exposés ou échangés entre les participants. Il faut dire que le fait de visionner et d'entendre ce procès dans son ensemble, en direct, permet au magistrat de saisir la portée exceptionnelle des drames qui sont évoqués... "
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