Les 72 victimes - 07/10/1997

Bernadette DUBOURG

Maurice Papon, 87 ans, comparait mercredi devant la cour d'assises de la Gironde sous l'accusation de " crimes contre l'humanité ". Soit près de 16 ans après les premières plaintes déposées contre lui par Me Gérard Boulanger, le 8 décembre 1981 à Bordeaux, au nom de Maurice-David Matisson, sa mère, son fils ainé et sa cousine, qui ont perdu huit membres de leur famille en déportation.
Entre juillet 1942 et mai 1944, alors que Maurice Papon était le jeune secrétaire général de la préfecture de la Gironde, sous les ordres de Robert Sabatier (également inculpé de " crimes contre l'humanité " et décédé en 1989), 1484 juifs ont été déportés de Bordeaux vers Auschwitz, via le camp de Drancy (chiffre retenu par la chambre d'accusation).

Les familles

Dix convois sont partis de la gare Saint-Jean les 18 juillet 1942 (161 personnes), 26 août 1942 (443 personnes dont 81 enfants), 21 septembre 1942 (71 personnes), 26 octobre 1942 (73 personnes), 2 février 1943 (107 personnes), 7 juin 1943 (34 personnes), 25 novembre 1943 (92 personnes), 30 décembre 1943 (136 personnes), 12 janvier 1944 (317 personnes dont 54 enfants), 13 mai 1944 (50 personnes). Et un onzième convoi a quitté Bordeaux le 5 juin 1944 avec 76 juifs de l'organisation Todt Lindermann.
Maurice Papon n'est cependant pas accusé de l'ensemble de ces déportations. La chambre d'accusation de Bordeaux a retenu contre lui des complicités d'arrestations illégales, de détentions arbitraires, d'assassinats et de tentatives d'assassinats, parfois sur des mineurs de 15 ans -qui constituent des " crimes contre l'humanité "- pour 72 victimes, présentes dans huit des dix convois.
En effet, les poursuites contre Maurice Papon ont été engagées par les familles de victimes et seuls les faits dénoncés par ces personnes ont été examinés et, le cas échéant, retenus contre l'ancien haut fonctionnaire de Vichy.

Deux mois et demi

A ce jour, on compte 35 personnes, constituées parties civiles (représentées par Mes Gérard Boulanger, Michel Touzet et Arno Klarsfeld), soutenues par quinze associations. Mais d'autres pourraient demander à se constituer partie civile, dés aujourd'hui, à l'ouverture du procès.
Le procès doit durer deux mois et demi et près de 140 témoins, dont plus de la moitié ont été cités par les avocats de Maurice Papon (Mes Jean-Marc Varaut, Francis Vuillemin et le bâtonnier Marcel Rouxel), devraient être entendus tout au long des débats qui se dérouleront dans la salle de la cour d'assises du palais de justice de Bordeaux et seront retransmis sur un écran video dans une autre salle d'audience.


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