Le nouveau calendrier des audiences - 29/10/1997

Le procès doit reprendre vendredi. La cour a revu son calendrier mais ne fera pas d'impasse

Compte rendu d'audience Bernadette DUBOURG

Mercredi 29 octobre. 14 ème journée d'audience. L'audience, comme jeudi et lundi derniers, reprend sans Maurice Papon. Le président Jean-Louis Castagnède lit tout de suite les conclusions de l'expertise du professeur René Pariente : « Nous avons examiné M. Maurice Papon en présence du professeur Alain Choussat et de ses deux collaborateurs. Actuellement, son état de santé ne lui permet pas de comparaitre devant la Cour d'Assises de la Gironde. Il pourra, très probablement, comparaitre à nouveau le 31 octobre 1997 ».
« En fonction de ces conclusions et devant la nécessité de suspendre à nouveau ce débat jusqu'au 31 octobre, j'ai procédé à un réajustement du calendrier. Du moins jusqu'au 21 novembre » indique le président.

Nouveau calendrier

Vendredi 31 octobre : la cour entendra Robert O. Paxton et Henri Amouroux sur Vichy, les autorités d'occupation et la politique antisémite.
Lundi 3 novembre : Premier interrogatoire de l'accusé sur ses attributions à Vichy de fin 1940 au printemps 1942 (sa nomination à Bordeaux), et audition de Jean-Pierre Azema sur la législation antisémite.
Mardi 4 novembre : Auditions de Philippe Burin (la collaboration dans la fonction publique), Jean Lacouture et René Rémond.
Mercredi 5 novembre : Audition de Marc-Olivier Baruch sur la politique antisémite et le rôle des autorités préfectorales, et interrogatoire de l'accusé sur l'organisation et le fonctionnement de la préfecture régionale de Bordeaux en juin 1942, ainsi que sur les attributions et les délégations du Secrétaire général.
Jeudi 6 novembre : Auditions de cinq témoins, Bernard Bergerot, André Briaud, François Bouton, Adrien Castanet et Bernard Vaugon sur le préfecture régionale de Bordeaux et les attributions de l'accusé.
Vendredi 7 novembre : interrogatoire de l'accusé sur l'administration allemande, le rôle du service des questions juives, les attributions du Secrétaire général dans le « traitement des questions juives ».
Lundi 10 novembre : Début de l'examen des faits avec la déportation de Léon Librach.
Mardi 11 novembre (pas d'audience).
Mercredi 12, jeudi 13, vendredi 14 et lundi 17 novembre : La rafle des Juifs du 16 juillet 1942 et le convoi du 18 juillet 1942 ainsi que les accords Oberg-Bousquet. Audition de Georges Gheldmann le 14.
Mardi 18, mercredi 19, jeudi 20 et vendredi 21 novembre : Le convoi du 26 août 1942, le camp de Drancy et la connaissance de la déportation vers l'Est. Auditions de Serge Bouder, Armand Coplet, Denise Deysieux (sous réserve) et Léon Zyguel le 19.
Le président se réserve également le droit d'entendre les parties civiles (personnes physiques) au fur et à mesure de l'examen des faits.

Les historiens

Me Jean-Marc Varaut qui a annoncé une « surprise » se lève pour faire deux observations, non sans glisser d'abord que « le rapport médical met fin aux insinuations et accusations de certaines parties civiles qui évoquaient une tactique de la défense ».
L'avocat de Maurice Papon propose d'abord de renoncer à l'audition des historiens, notamment « l'Américain, le Suisse et les deux chercheurs engagés » afin de gagner 10 jours de débat et commencer à étudier les faits dès lundi. Puis il indique à la cour que les avocats de la défense seront présents sans discontinuer « sauf le jour de Noël » pour ne pas retarder l'issue du procès.
Henri Desclaux rejette sèchement la première demande : « Je confirme que c'est bien un homme et ses actes qu'on juge dans ce procès, je confirme aussi notre souhait de nous expliquer le plus rapidement possible sur les griefs formulés contre Maurice Papon, mais il est important de resituer le procès dans son contexte, sinon on ne serait plus dans la réalité. Nous tenons à aller au fond du dossier dans lequel nous ne sommes pas encore engagés ».
La réplique des avocats des parties civiles est encore plus cinglante. « L'Américain, le Suisse et le Juif sont des hommes comme les autres. Les explications de la défense, purement tactiques, sont déplacées » râge le bâtonnier Bertrand Favreau. « Il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais parmi les avocats qui sont ici, de mise en cause sur la crédibilité de l'état de santé de Maurice Papon » rassure Me Alain Lévy. « Une des difficultés de ce procès est justement l'ignorance de l'époque dont je suis un des rares témoins » rappelle Me Joe Nordmann qui a l'âge de l'accusé. « Ce procès dure depuis 16 ans, je le sais mieux que personne, j'admire que la défense s'en préoccupe » ironise Me Gérard Boulanger. « La provocation comme moyens de défense doit avoir ses limites. Les relents de xénophobie n'ont pas leur place en cour d'assises » ajoute Me Michel Touzet.
« Tout le monde aura remarqué le talent des juristes qui arrivent à débattre même quand il n'y a pas de débat » observe le président Jean-Louis Castagnède, avant de conclure « Je ne vois pas un bouleversement du procès, je ne vois qu'un retard ».
L'audience reprend demain vendredi à 13 h 30.


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