Après les virulentes menaces du père, le fils renonce finalement à demander la récusation du président Castagnède. Le procès devrait retrouver une certaine sérénité
Bernadette DUBOURG
C'est par un simple communiqué de presse que Me Arno Klarsfeld a fait savoir dimanche qu'il renonçait à demander la récusation du président Jean-Louis Castagnède comme il le déclarait haut et fort depuis mercredi dernier et comme son père, Serge Klarsfeld, l'affirmait encore violemment samedi.
Pour tenter de trouver une sortie honorable à la pitoyable mise en cause personnelle du président Castagnède, accusé d'avoir un lien de parenté avec des victimes du convoi de décembre 1943, le jeune avocat de l'association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France que préside son père, ajoute dans son communiqué qu'il laisse au président " la responsabilité de décider lui-même de ce qu'il convient de faire pour assurer aux débats leur sérénité jusqu'à la fin du procès ".
Le président a déjà répondu lorsqu'il a assuré, jeudi matin, aux avocats des parties civiles et de la défense ainsi qu'aux magistrats du ministère public, que " ces évènements n'étaient pas de nature à altérer son impartialité passée, présente ou future " et qu'il " entendait continuer le procès ".
Tous avaient d'ailleurs réagi aux accusations des Klarsfeld par un soutien unanime au président dont ils avaient rappelé la rigueur, l'humanisme et la parfaite connaissance du dossier.
Face à cet " outrage sans précédent ", Me Jean-Marc Varaut, avocat de Maurice Papon, avait immédiatement déclaré qu'à aucun moment de la procédure, il n'utiliserait ce moyen. Me Arno Klarsfeld se sert d'ailleurs de cette déclaration pour tenter de justifier sa volte-face.
Tout ceci n'est guère reluisant. En s'en prenant directement au président, après lui avoir déclaré une guerre sans trêve dès l'instant où la cour avait décidé de remettre Maurice Papon en liberté, Me Klarsfeld a reçu une telle volée de bois vert que c'est sa propre image d'avocat frondeur et franc- tireur qui a désormais pâli. Non seulement, il s'est marginalisé un peu plus sur le banc des parties civiles mais jamais plus ses interventions ne seront écoutées avec l'attention qu'on leur manifestait auparavant.
Aujourd'hui, le procès devrait donc retrouver son cours normal. D'autant qu'au seuil du cinquième mois de procès, une semaine relativement importante s'annonce avec l'audition aujourd'hui lundi du propre fils du grand rabbin Joseph Cohen dont la famille est représentée par Me Caroline Daigueperse.
Michel Cohen devrait expliquer dans quelles conditions son père s'est enfui le 17 décembre 1943 alors que les SS venaient l'arrêter à son domicile de la rue Sainte-Catherine à Bordeaux, proche de la Synagogue. Il devrait évoquer également, à travers les propres écrits de son père, les relations que le Grand Rabbin entretenait avec la préfecture régionale de Bordeaux et plus particulièrement le service des questions juives, afin de protéger ses coréligionnaires.
Mardi, le grand rabbin de France Joseph Sitruk, à la fois cité par la défense de Maurice Papon et les parties civiles, devrait s'exprimer sur l'UGIF, la très controversée Union Générale des Israélites de France, créée par Vichy en novembre 1941 pour assurer la représentation des juifs auprès des pouvoirs publics. Toutes les autres associations juives avaient été dissoutes.
La cour qui a normalement fini d'examiner la rafle et le convoi de décembre 1943, devrait, dans le courant de la semaine, commencer à aborder la rafle du 10 janvier 1942 et le convoi du 12 janvier 1944 qui a conduit plus de 300 juifs du camp de Mérignac à celui de Drancy. Ce sont les avant-derniers faits reprochés à Maurice Papon.
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