Fidèle jusqu'au bout - 17/10/1997

Le maire de Saint-Amand-Montrond dans le Cher est venu témoigner de l'estime qu'il porte à Maurice Papon. Il lui doit sa carrière politique

Dominique RICHARD

Quelques minutes plus tôt, Raymond Barre et Olivier Guichard sont entrés dans le prétoire sans prêter la moindre attention à Maurice Papon. Serge Vincon pénétre à son tour dans la salle. Il marche d'un pas mal assuré. Avant de s'avancer à la barre, il marque un bref temps d'arrêt, tourne la tête et salue Maurice Papon. Il est intimidé.
Son appréhension ne l'empêche pas de trouver ses mots. S'il est aujourd'hui sénateur-maire de Saint-Amand-Montrond dans le Cher, il le doit au vieil homme qui siège aujourd'hui dans le box des accusés. Il se souvient comme si c'était hier de ce jour du printemps 68 où pour la première fois il avait recontré Maurice Papon dans son village.
C'est le colonel de Bonneval, l'aide de camp du général De Gaulle qui me l'avait présenté ",se rappelle Serge Vincon. Pendant dix-sept, il a siégé à ses cotés au conseil municipal de cette petite ville proche de l'Allier. Affable, courtois, dévoué...L'élu du Cher n'est pas en peine de qualificatifs pour évoquer l'action de celui qu'il admire encore.
Serge Vincon parle sans emphase. Lorsqu'il avoue que Maurice Papon ne lui a jamais fait de confidences sur sa période bordelaise, on le croit sans peine. Il n'était pas homme à interroger son mentor politique sur la carrière. " Il m'a dit simplement qu'il avait rencontré des périodes difficiles. C'est encore le cas aujourd'hui ",lâche-t-il visiblement peiné.
Il y a quelques années Serge Vincon a croisé le chemin de certaines figures de la résistance aujourd'hui décédées : Marie-Madeleine Fourcade, le révérend-père Riquet, le général de Boissieu. Toutes lui ont témoigné de l'engagement de Maurice Papon au service de la libération du pays. Pourquoi douterait-il de leurs paroles ?
Quelques secondes plus tard, la meute des journalistes se referme sur lui dans le hall des pas perdus du palais. Devant les micros, Serge Vincon répète sa déposition en ayant du mal à avaler sa salive. Il est pathétique. " Maurice Papon est un humaniste, je le maintiens "insiste-t-il en regardant ses interlocuteurs droit dans les yeux. Le procès intenté à l'homme qui l'a initié à la vie politique le rend malade.

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