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Le procureur général Henri Desclaux souriant, malgré l'émotion et une légère blessure au bras. (Crédit M.Lacroix)

Coup de projecteur - 16/01/1998

L'audience n'a duré qu'une demie heure. Elle a été interrompue après la chute d'un bout de projecteur sur le procureur général

Compte rendu d'audience Bernadette DUBOURG

Pour la troisième journée consécutive, la cour examine la rafle bordelaise du 19 au 20 octobre 1942 et le (quatrième) convoi du 26 octobre qui a conduit 128 juifs du camp de Mérignac à celui de Drancy.
André Gonzalès, 76 ans, retraité à Gradignan, est le beau-frère de Michel Slitinsky, l'homme à l'origine de l'affaire Papon. " Je suis veuf, indique André Gonzalès à la cour, j'étais marié avec Alice Slitinsky (la soeur de Michel), décédée en 1968 et qui avait été arrêtée le 20 octobre 1942 ". A l'époque, ils étaient fiancés.
André Gonzalès raconte l'arrestation d'Alice et de son père, Abraham, par deux policiers français, telle qu'il l'a maintes fois entendue et telle que la restituera - probablement mardi prochain - Michel Slitinsky lui-même, qui avait arraché les plombs et s'était caché dans un placard avant de réussir à s'enfuir.
Le matin suivant, André Gonzalès a appris l'arrestation de sa fiancée, découvert qu'elle avait été transportée au camp de Mérignac et s'y est rendu dans l'espoir de la voir : " les gendarmes m'ont refusé tout droit de visite ". " Je me suis renseigné alentour et j'ai rencontré un boulanger qui fournissait le camp et pouvait lui faire passer un mot. On a pu correspondre pendant toute sa détention ". André Gonzalès précisera plus tard les conditions de la libération d'Alice Slitinsky, le 5 décembre 1942. Dès son arrivée au camp, elle avait énergiquement protesté, comme une douzaine d'autres personnes, françaises ou catholiques.
" Dans un courrier du 23 octobre, Alice fait état d'échos selon lesquels elle serait libérable, mais elle est inquiète pour son père ". Abraham Slitinsky a fait partie du convoi du 26. De Drancy, il a écrit une dernière lettre à sa femme, malade. Sur ce courrier, l'administration du camp a rajouté cette mention : " Parti pour une destination inconnue, ne plus envoyer ni lettre ni colis ".

Un claquement

A cet instant précis, un claquement sec retentit dans la salle d'audience. Aucun mouvement de panique. Seul le témoin s'exclame : " C'est un attentat ", sans pour autant quitter la barre.
La lampe d'un projecteur, fixé tout en haut du mur de la salle d'audience, vient d'exploser et les deux volets métalliques qui l'encadrent se détachent et tombent l'un après l'autre sur le procureur général. L'un heurte son bras gauche et rebondit sur le sol. L'autre glisse contre le dossier du fauteuil. Henri Desclaux se lève, assure qu'il n'a rien. Le président suspend l'audience et fait évacuer la salle, le temps de vérifier les autres rampes de projecteurs, installées au dessus du président et de Maurice Papon. Le président fait même évacuer la salle.
Plusieurs techniciens sont appelés sur les lieux et les pompiers se hissent avec des cordes à hauteur des projecteurs mais une heure ne peut suffire à faire une vérification complète et sérieuse du matériel. Le président prend donc la décision de suspendre l'audience jusqu'à lundi.
André Gonzalès revient à la barre, suivi de Mme Marie-Josèphe Moquay qui doit témoigner sur les conditions dans lesquelles des juifs, menacés d'arrestation, auraient été avertis par la préfecture. Tous les deux reviendront mardi.
Car le président confirme bien que lundi prochain, la cour entendra l'historien bordelais Michel Bergès. C'est également mardi que devrait témoigner Michel Slitinsky, partie civile emblématique de ce procès.
L'audience reprend lundi à 13 h 30.


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