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Me Vuillemin a versé aux débats la mitraillette offerte à Maurice Papon par l'ambassadeur d'Israël il y a 23 ans. (Crédit P.Taris)

Une mitraillette dans le prétoire - 20/10/1997

Dominique RICHARD

Les fonctionnaires qui assurent la sécurité du palais de justice laissent passer chaque jour les avocats du procès Papon sans leur imposer le moindre contrôle, aussi discret soit-il. Aujourd'hui, si par hasard ils veulent faire du zèle en soumettant Me Varaut et Vuillemin au détecteur de métaux, ils découvriront avec stupéfaction que l'un des deux est porteur d'une mitraillette Uzi, de fabrication israëlienne.
Les défenseurs de l'accusé ont en effet décidé de verser cette arme aux débats pour témoigner de la bonne foi de leur client. La semaine passée, Maurice Papon avait affirmé que cette mitraillette lui avait été remise il y a vingt-trois ans par l'ambassadeur d'Israël en France, Walter Eytan, en remerciement des services rendus.
Ces derniers concernaient la protection de la communauté juive de Constantine, à l'époque où il était inspecteur général de l'administration en mission extraordinaire en Algérie mais aussi l'aide qu'il avait pu apporter en 48 aux hommes de Ben Gourion qui se battaient pour fonder l'Etat Hébreu en Palestine.
Le ministre de l'intérieur de l'époque Jules Moch avait donné ordre à Maurice Papon alors préfet de Corse de faciliter dans l'Ile de Beauté l'escale des avions américains qui transportaient de l'armement destinés aux combattants juifs. Des pistes d'atterrissage de l'armée avait été réaménagées à cette intention.
La semaine passée, Walter Eytan, n'a pas démenti avoir offert cette fameuse mitraillette à Maurice Papon. Il a simplement déclaré qu'il n'en avait pas gardé le souvenir. Deux anciens présidents du Conseil Edgar Faure, et René Mayer ainsi que le fondateur de Publicis, Marcel Bleusten-Blanchet assistaient aux dires de Maurice Papon à cette remise amicale entourée d'une certaine discrétion.
Tous trois sont décédés. Il ne reste plus qu'une arme assez lourde à porter et une plaque fixée sur la crosse de celle-ci. Les mots gravés sont en partie effacés mais on lit sans trop de difficulté : " A Maurice Papon, préfet de police. Les industries militaires israëliennes. "


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