Synagogue, la souffrance - 08/10/1997

Des centaines de personnes se sont rassemblées devant le mémorial des déportés

Emouvante cérémonie que celle qui a rassemblé mercredi devant le mémorial des Déportés, à la synagogue de Bordeaux, quelques centaines de personnes appartenant à la communauté juive de Bordeaux, en présence de Mgr Eyt et du maire Alain Juppé, et, bien sûr, les représentants des institutions juives de France.
Organisé par le CRIF, ce rassemblement qui se situait deux heures avant l'ouverture du procès, portait en lui-même son poids de mémoire et de douleur. A preuve ces dizaines de pancartes frappées de l'étoile jaune, égrenant -terrible litanie du martyre- les prénoms et noms des enfants raflés par la police française pour être envoyés vers les camps de la mort. Comme " Lionel, 6 ans, convoi 66 ", de nombreux enfants rayés de la carte des vivants.
Dans la foule, une pancarte vengeresse montrant des enfants juifs : " Les photos que Papon ne veut pas voir ". Au pied de la stèle, regroupés derrière une banderole, les Fils et Filles de Juifs Déportés et le président de l'association, Serge Klarsfeld.
David Berdugo, président régional du CRIF, évoqua " l'horreur et la tragédie " et souligna les responsabilités propres de l'administration française qui " prêta main forte à la barbarie nazie ". " Notre pensée est aujourd'hui toute occupée par le souvenir des 1590 juifs bordelais déportés et exterminés. " Il souligna l'attente de la communauté juive d'un procès qui fasse " oeuvre pédagogique et éclaire les consciences ", sans rien masquer des " agissements honteux de Vichy ". Propos auxquels fit écho le Dr Banayan, président du Consistoire israelite de Bordeaux. " Nous ne sommes pas animés par la rancune ou la vengeance, mais par le devoir de souvenance. " Le président du consistoire de Toulouse, représentant Jean Kahn, président du Consistoire central, reprit le même thème, soulignant que ces années noires ont aussi vu, au milieu des turpitudes, des actes de courage et d'héroïsme de la part des français qui ont aidé les fugitifs et auxquels le Consistoire entend rendre hommage parcequ'ils sont " le visage fraternel de la France. "

Compassion

Alain Juppé exprima sa compassion aux victimes et à leurs familles et indiqua que la communauté juive de Bordeaux doit pouvoir compter sur " la solidarité des Bordelais ". Il invita aussi l'assistance à " vivre cette période comme un temps de lucidité et de courage " et, après avoir rappelé que Jacques Chirac, alors président de la République, avait reconnu " la faute collective de l'Etat français ", M. Juppé souligna que le procès qui s'ouvre à Bordeaux, au-delà du fait d'être " celui d'un système et d'un régime " peut avoir valeur d'" acte de confiance, car la France se grandit en regardant son passé en face. "
Le rabbin Maman, Michel Slitinsky, Serge Klarsfeld, Henri Hajdenberg, président national du CRIF, intervinrent à leur tour, soulignant que la communauté juive est guidée par " son lien aux victimes, et non par la fascination du bourreau ". Tous souhaitent " un procès exemplaire ". " Oublier ce crime gigantesque serait un nouveau crime contre le genre humain. "
La cérémonie qui avait commencé par des chants religieux s'acheva sur la prière des morts. L'assistance observa alors une minute de recueillement au cours de laquelle chacun pouvait méditer la parole des prophètes inscrite au fronton du mémorial de la synagogue : " N'avons-nous pas tous un seul père. N'est-ce pas le même Dieu qui nous a créés ? "


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