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Arno Klarsfeld tout sourire avant l’audience de mercredi (Crédit AFP)

"Le président gravement diffamé" - 04/02/1998

Les magistrats de la cour d'appel demandent que des poursuites soient engagées contre Serge et Arno Klarsfeld

Bernadette DUBOURG

Une semaine après les « révélations » d'Arno Klarsfeld sur un lien de parenté entre le président de la cour d'assises Jean-Louis Castagnède et des victimes du convoi de décembre 1943, et alors que les Klarsfeld ont réclamé la récusation du président avant de faire volte-face, les magistrats de la cour d'appel de Bordeaux demandent que des sanctions disciplinaires et pénales soient engagées contre Arno et Serge Klarsfeld.
Dès la semaine dernière, les avocats des parties civiles et de la défense ainsi que les magistrats du ministère public ont exprimé un soutien unanime au président Castagnède, rappelant « sa rigueur, son impartialité et sa parfaite maitrise du dossier ». Le bâtonnier de Bordeaux, Georges Tonnet, a également pu « apprécier la qualité d'écoute et d'objectivité dont fait preuve à tout instant le président Castagnède lors de la conduite des débats ».
Cette semaine, ce sont les magistrats de la cour d'appel qui montent au créneau.

Le ministre

Mardi matin, déjà, les sections locales du Syndicat de la Magistrature (SM) et de l'Union syndicale des Magistrats (USM) « indignées de ces procédés qui consistent à diffamer des magistrats à l'occasion de leur fonction pour tenter d'exercer des presssions sur le cours de la justice », ont demandé au conseil supérieur de la magistrature de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer le bon fonctionnement de la justice en « garantissant la protection des magistrats dans l'exercice de leurs fonctions ».
Les deux syndicats ont également profité de la venue à Bordeaux d'Elisabeth Guigou, qui assistait à la prestation de serment des auditeurs de justice, pour lui demander d'engager des poursuites pénales et disciplinaires contre Arno et Serge Klarsfeld, mais également contre un témoin -sans nommer Michel Bergès- qui a critiqué les magistrats de la chambre d'accusation « en déclarant qu'ils avaient intentionnellement écarté de leur instruction des documents favorables à l'accusé ».
L'après-midi même, à son arrivée au palais de justice de Bordeaux, Elisabeth Guigou a immédiatement défendu le président Castagnède « d'insinuations totalement insignifiantes et inacceptables » et apporté son soutien à ce magistrat qui « exerce ses fonctions avec toute la compétence, toute la rigueur et toute l'impartialité que chacun lui reconnait ». Mais contrairement à l'attente des magistrats, elle a déclaré qu'elle n'avait pas l'intention d'engager de quelconques poursuites : « Je crois qu'il n'est pas opportun qu'il y ait un procès dans ce procès-là ».

Une motion

Cette prise de position qui « laisse sans protection les magistrats diffamés dans l'exercice de leurs fonctions, et légitime, l'utilisation de tous les moyens, même les plus odieux, pour faire pression sur le cours de la justice et déstabiliser l'institution judiciaire » a « indigné » les magistrats de la cour d'appel qui se sont réunis hier matin en assemblée générale extraordinaire. Les magistrats de la cour d'assises n'y assistaient évidemment pas.
Ces magistrats du parquet et du siège ne se sont cependant pas contentés d'un nouveau soutien à leur collègue. Dans une motion qu'ils ont rendu publique hier après-midi, ils ont également demandé au premier président Michel Vigneron et au procureur général Henri Desclaux de « provoquer des poursuites disciplinaires et pénales contre Mes Serge et Arno Klarsfeld » pour avoir « gravement diffamé » le président Castagnède.
« Il y a deux poids, deux mesures » a répliqué l'avocat de l'association des fils et filles de déportés juifs de France que préside son père, sous-entendant que les magistrats se gardaient bien de demander des poursuites contre Michel Bergès.
Si plusieurs avocats des parties civiles se sont refusé à tout commentaire, Me Jean-Marc Varaut a, par contre, accueilli « avec beaucoup de satisfaction » la motion des magistrats : « Ils n'ont pas seulement reconnu les outrages à magistrats, dont la poursuite ne relève que du procureur général, mais également la pression sur la justice, ce qui constitue une qualification distincte ». « En effet, poursuit Me Varaut, pour les parties civiles, les débats sont virtuels, le délibéré inutile et le procès n'est destiné qu'à homologuer le jugement qu'ils ont prononcé ».
Aujourd'hui, la responsabilité d'éventuelles poursuites appartient au premier président et au procureur général, celui-là même qui soutient l'accusation contre Maurice Papon.


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