> Retour à la chronologie du procès
> Revenir à la page précédente

Maurice Papon et Jean-Marc Varaut (Crédit Philippe Taris)

La part des choses - 25/03/1998

Les parties civiles et leurs avocats, tout en reconnaissant le deuil de l'accusé, souhaitent qu'il soit bien dissocié du procès

ANNIE LARRANETA

Si toutes les parties civiles, les familles des victimes s'inclinaient hier après-midi sur le deuil qui venait de frapper Maurice Papon, elles rappelaient, dans la salle des pas perdus, leurs propres peines et disaient leur espoir de voir les jurés faire la part des choses et ne pas modifier, pour autant, leur intime conviction.

René Panaras

« Quand on est marié depuis plus de 65 ans, il est très douloureux de perdre sa compagne. Je compatis bien sûr mais pendant ce procès trois jurés ont perdu leur mère et ils n'étaient pas à leurs côtés... Six mois de procès c'est une tranche de vie, il y a eu des morts, des naissances dans les familles. Mais on est là pour autre chose, pour la mort d'enfants de six mois qui auraient bien aimé vivre ne serait-ce que jusqu'à 20 ans et nous on aimerait bien vivre jusqu'à 88 ans. Chacun va sans doute rester à sa place et nous on est là pour 1 560 morts, c'est autre chose. »

Moïse Shinazi

« Il est difficile de savoir si le décès de la femme de Maurice Papon va influencer le jury... Peut-être que lui-même se moque maintenant d'être condamné... »

Esther Fogiel

« Il y aura certainement des personnes touchées par ce deuil, c'est un problème d'identification. Au début j'avais un peu de compassion pour ce vieillard, c'est terminé, je n'en ai plus... »

Maurice-David Matisson

« On ne maîtrise pas ce procès, on aura tout vu jusqu'au bout... Nous nous n'avons pas pu fermer les yeux des nôtres, nous n'avons pas pu aller au cimetière à l'enterrement des victimes. Notre deuil est toujours ouvert et on peut comprendre ce qu'il éprouve, cela dit, il faut que la justice passe et elle passera.

Marie Echeberri

« Je déplore ce deuil comme tout être humain compatissant mais j'ai un peu peur que les jurés s'apitoient sur son sort à lui. Je crois qu'on est maudits et ça depuis des millénaires ! »

Eliane Domange

« Je ne suis pas inquiète, les jurés ont déjà leur idée, cela ne va pas faire jouer la corde sensible. C'est un incident supplémentaire, un événement qui ne peut les faire changer d'avis. Ca serait dangereux si c'était le cas. On est malheureux pour lui mais c'est la vie. Quand on perdu nos parents, nous, ce n'était pas la vie. Lui, il aura eu la chance de pouvoir enterrer sa femme. »

Armand Benifla

« J'ai l'impression que les jurés ont déjà leur opinion et que ça ne va rien changer. »

Me Alain Levy

« Personne ne peut être insensible mais je ne pense pas que ça puisse influencer l'intime conviction des jurés sur la responsabilité de Maurice Papon. Il faut faire la part des choses : d'un côté il y a la culpabilité et de l'autre le décès de sa femme qu'on peut, si je peux me le permettre, déconnecter du dossier. Maurice Papon est là pour être jugé sur ce qu'on lui reproche. »

Me Alain Jakubowicz

« Les jurés peuvent avoir un sentiment de commisération mais il ne faut pas oublier qu'on juge un homme de 34 ans. J'ai beaucoup de pensées pour lui, pour l'homme qui connaît un drame mais je pense à l'essentiel du procès, le drame de tant de familles... Curieusement, je pense maintenant que sa remise en liberté peut nous servir. »

Me Arno Klarsfeld

« Il est normal qu'il aille enterrer sa femme. S'il ne veut pas revenir c'est son problème. S'il ne revient pas, c'est comme s'il était condamné. Le peuple français l'aura condamné, les magistrats l'auront libéré. Depuis le début, les parties civiles sont les otages de Maurice Papon. Est-ce que le décès de sa femme aura une influence sur les Jurés ? Non. »


Retour

Copyright Sud Ouest. Pour tout usage lié à la reproduction de nos articles, merci de prendre contact avec Sud Ouest : doc@sudouest.com Tel : 05 56 00 35 84. 

Accueil | Le procès | Procédures | Les acteurs | Repères | Lexique | Forum

Copyright Sud Ouest 2006 - contact@sudouest.com