Des avocats offensifs - 20/10/1997

Dominique RICHARD

13 h ce lundi. Michel Slitinsky attend devant le palais la reprise de l'audience. Me Gérard Boulanger et l'un de ses confrères, conseil lui aussi des parties civiles, s'approchent. A sa grande surprise, ils passent devant lui sans même lui serrer la main." C'est incroyable, ils ne disent même pas bonjour ",s'exclame celui qui a lancé l'affaire Papon en adressant il y a seize ans des documents de la préfecture de la Gironde au Canard Enchainé.
Vendredi dernier, après l'audition de Raymond Barre et Olivier Guichard par la cour, Michel Slitinsky avait critiqué l'attentisme des avocats, leur reprochant de ne pas interroger avec suffisamment de tenacité les personnages qui se succédaient à la barre. Même s'ils n'ont pas recueilli l'unanimité, ses propos ne sont pas restés sans effet. Les quatre personnes invitées à déposer hier dans le prétoire ont pu le mesurer.
Le préfet honoraire Jean Bozzi était venu à Bordeaux essentiellement pour parler de son ascension sociale, de sa carrière et de ses amitiés. Il avait complétement oublié que seul son témoignage sur Maurice Papon intéressait les jurés. Il a fallu que le président Castagnède le coupe au moment ou il déroulait imperturbablement le film de son existence pour le ramener dans le prétoire.
Tour à tour, Mes Cohen, Klarsfled, Levy et Boulanger vont alors le pousser dans les cordes, venir le chercher dans ses ultimes retranchements. Et ce Corse venu dire tout le bien qu'il pensait de Maurice Papon est subitement obligé de se regarder dans la glace et de s'interroger à haute voix sur le devoir de désobeissance du fonctionnaire devant des ordres qui heurtent sa conscience.
Maurice Papon aurait-il du quitter la préfectorale en 42 ? " Je fais des réponses qui alternent selon le jour, les humeurs et la force d'âme que je crois être la mienne. Je sais, ce n'est pas trop glorieux comme réponse ",avoue alors Jean Bozzi au bord de l'acte de contrition. Le président Castagnède l'en dispensera en rappelant que " la cour et le jury ne sont pas appelés à se prononcer sur le cas du témoin "D'un peu plus, on l'oubliait !


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