La capitale d'Aquitaine n'était pas pour l'occupant une ville comme une autre
Lors de l'annexion de la Pologne, la Wehrmacht était entrée en conflit avec certaines unités SS. En 1940, lorsque la France se met à l'heure allemande, l'état-major de l'armée obtient la mise à l'écart de la police nazie. Le Führer laisse aux militaires la gestion de toutes les questions liées à la sécurité. Les SS devront attendre le printemps 42 pour se voir confier la totalité de ces tâches. La Wehrmacht s'est montrée impuissante à endiguer la montée des actes de résistance.
Dès 40, le chef des SS, Henrich Himmler, a pourtant dépêché en zone occupée plusieurs dizaines d'hommes parlant un français impeccable. Helmut Knochen dirige ce petit groupe qui opère dans la plus grande discrétion. Le siège de ce service de sécurité SS embryonnaire se situe hôtel du Louvre à Paris. Trois antennes fonctionnent en province dont une à Bordeaux qui prend rapidement ses quartiers avenue du Maréchal Pétain au Bouscat.(1)
La capitale de l'Aquitaine revêt une importance stratégique pour les nazis. Une impressionnante base sous marine ne va pas tarder à sortir de terre à Bacalan et le port deviendra bientôt le refuge des bâtiments impliqués dans la guerre maritime dont l'Atlantique-Nord sera le théâtre. La ville, l'estuaire et la côte doivent être protégés des espions alliés et mis à l'abri de la curiosité des ennemis du régime.
Lorsqu'il débarque avec une poignée de collaborateurs, Herbert Hagen est officiellement chargé de rechercher les Allemands qui ont fui leur pays après l'avènement d'Hitler. Issu du bureau des études juives du Reich, cet officier ambitieux va rapidement jouer un rôle capital dans la répression dont les juifs, les communistes et les premiers résistants vont être les victimes.
En mai 42, lorsqu'il est nommé à Paris, il a par son action anticipé ce qu'allait être le KDS, le Kommando der Sicherheitspolizei und des Sicherheitsdienst, de la région de Bordeaux. Au Bouscat sont désormais réunis les services de la police allemande ayant trait à la sécurité et à la sûreté, appelés aussi SIPO-SD. Les départements de la Gironde, des Landes et une partie de celui des Basses-Pyrénées appartiennent à leur zone de compétence.
Six sections constituent le KDS : administration générale, police administrative, renseignements économiques et sociaux, répression des menées anti-allemandes, affaires criminelles et renseignements généraux. La quatrième de ces sections concentre les effectifs les plus nombreux. Ils se consacrent à la traque des résistants. Les nazis chargés de mettre en oeuvre la solution finale dépendent de la seconde ou de la troisième section.
3 000 déportés dont plus de 80 % ne sont pas revenus, 285 fusillés à Souge, 400 maquisards et civils passés par les armes, 15 000 travailleurs réquisitionnés en Allemagne au titre du STO... Aidés par des policiers bordelais à la cruauté sans bornes et des agents français appointés, les SS du Bouscat ont dirigé une répression sanglante dont de nombreuses familles conservent encore le douloureux souvenir.
(1) Pour une information complète sur les services allemands à Bordeaux, on se référera utilement au livre très documenté de René Terrisse : Bordeaux 1940-1944. Edition Perrin. 343 pages. 133 F.
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