"Le temps des rafles" - 14/10/1997

L'exposition consacrée au calvaire des Juifs français pendant la dernière guerre a été inaugurée lundi soir à la Fondation Charles Cante. Un impressionnant moment d'histoire

Jean-Marc FAUBERT

C'est une exposition particulièrement émouvante que présente actuellement et jusqu'au 31 octobre la Vieille Eglise de Mérignac. En 110 panneaux, l'histoire des Juifs de France - et plus précisément le sort qu'ils ont subi lors des années 40 - est racontée de façon didactique. Il faut une bonne heure pour la découvrir et comprendre ce qui s'est réellement passé en ces temps troubles de la défaite puis de l'occupation nazie. Et parallèlement la genèse de cette tragédie ainsi que ses conséquences actuelles.
Claude Lederer, président girondin des Amitiés judéo-chrétiennes, assistait bien évidemment à cette inauguration. " Nous souhaitions la sérénité et le silence, nous avons été bien mal récompensés, commenta-t-il faisant allusion à la mise en liberté de Maurice Papon. Mais je voudrais rendre hommage à Mme Beaucaillou, de Targon, ici présente, qui vient d'être décorée de la médaille des Justes, pour avoir recueilli la petite Clairette Torres, dont les parents, on imagine pourquoi, ne pouvaient plus vivre avec elle et s'occuper d'elle. "

La vérité historique

L'avocat Serge Klarsfeld, qui a monté toute cette exposition avec un petit groupe d'enfants de déportés juifs, expliqua le but général de cette présentation : " On a voulu montrer l'histoire de façon sereine et équitable. Nous avons maîtrisé nos passions, et nous pensons ainsi nous approcher de la vérité historique. " Evoquant le Centre de Documentation Juive Contemporaine pour lequel cette exposition itinérante a été conçue, il rendit un hommage appuyé à Jacques Chirac qui avait largement soutenu l'entreprise.
Puis : " Les trois-quarts des Juifs de France étaient vivants à la fin de la guerre. Aujourd'hui nous savons dire merci aux non Juifs qui nous ont aidés et qui nous ont exprimé leur compassion. A la fin de la guerre, mais aussi, encore, maintenant. Quant à cette exposition, il faut la visiter pour savoir quoi penser du procès Papon. "
Reprenant son intervention devant la stèle de Beaudésert, la semaine dernière, Michel Sainte-Marie, aux côtés du grand rabbin Maman, rappela " le devoir particulier de mémoire de Mérignac avec son camp de Beaudésert, d'où l'on partait vers Drancy ou Compiègne, puis vers les camps de la mort. " Il rappela également le souvenir des résistants morts au camp de Souge. Et une nouvelle fois il mit en valeur le travail des élèves du collège des Eyquems lors de la journée de la Déportation. " Ces expositions sont pour les jeunes de formidables outils pédagogiques, indispensables à leur formation à l'heure où l'on débaptise des rues comme on brûle des livres. Je compte sur tous ceux qui peuvent éclairer la jeunesse, enseignants et médias, car l'histoire que nous avons déjà vécue peut à nouveau venir gratter à nos portes... "
Devant de nombreux visiteurs, Claude Lederer, reprenant brièvement la parole, annonça, comme tous s'en doutaient, " qu'il n'y aurait exceptionnellement pas de réception. Ce ne sont ni le lieu ni les circonstances pour cela. Il n'y aura pas d'agapes, même réduites. Mais bon appétit à M. Papon ! "
Exposition à la Vieille Eglise (Fondation Charles Cante) jusqu'au 31 octobre. Réservée le matin aux groupes scolaires, elle est ouverte au public l'après-midi de 14 à 18 heures (samedi et dimanche de 14 h 30 à 18 h 30).


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